Par Lyès Bensid Le plan de sauvetage Paulson marque-t-il la fin ou le début d'une crise ? Une chose est sûre, la nouvelle mouture du plan de sauvetage des banques américaines, présentée vendredi et vite encensé par l'administration Bush, n'a pas réussi à convaincre et il y'en a même qui craignent une répétition de la Grande Dépression de 1929. Le resserrement des politiques de crédit ayant suivi le scandale des subprimes commence à produire ses effets sur la sphère de l'économie réelle. Le chômage pointe à l'horizon et c'est le moral des ménages qui accuse le coup, s'ensuit alors une baisse drastique de la consommation. Premier à pâtir du spectre de la récession, l'industrie automobile. En Europe, un mini sommet du G4, réunissant le président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne (UE), la chancelière allemande Angela Merkel, le président du conseil italien Silvio Berlusconi et le Premier ministre britannique Gordon Brown, se débat pour trouver une réponse rapide à la crise. Sarkozy voudrait bien faire passer un plan de sauvetage pour les banques européennes, mais cela n'est pas forcément du goût de ses compères, notamment du côté allemand. Difficile alors d'accorder ses violons dans une Europe des nations où les initiatives nationales prennent le pas sur les politiques communes. Des initiatives, il y'en a justement. Certains, comme l'Irlande, n'ont pas attendu que le couple franco-allemand mette de côté ses querelles pour passer à l'acte. Il faut dire que les vieilles habitudes ont la peau dure. Et dire que certains prédisent déjà la fin du néolibéralisme. On croirait entendre un Francis Fukuyama nous parler de la fin de l'histoire. Celui-ci qui jubilait à l'idée que le capitalisme avait finalement réussi à vaincre le communisme, s'imposant ainsi comme seul modèle pouvant marquer la fin de l'histoire de l'humanité. Or, le retour en grâce de la gauche aura prouvé que l'histoire ne pouvait en aucun cas être figée. Il y aura toujours des vainqueurs et des vaincus. Certes, la crise est là, le modèle aura prouvé ses limites. Mais les vieux réflexes demeurent. Même si certains s'étonnent du fait que l'Etat le plus libéral au monde a eu recours à des procédés interventionnistes pour sauver la face, il ne faut surtout pas perdre de vue le fait que le plan de sauvetage de Paulson aura fait face à de fortes résistances et a bien dû être revu pour passer, preuve que le néolibéralisme a encore de beaux jours devant lui. La fin d'un modèle ? Certes le néolibéralisme a charrié dans ce sillage une pléthore d'injustices, mais ce n'est certainement pas cette crise qui l'achèvera, la Grande Dépression de 1929 ne l'a pas fait. C'est juste une histoire de rapports de force.