Médéa n'est pas la ville natale de Rouiched, originaire de la Kabylie, mais c'est là dans cette contrée qui était une ancienne station romaine, que se déroulera le Festival du théâtre comique organisé en hommage à ce personnage, indissociable de l'histoire du cinéma et du théâtre algériens.Ce rendez-vous qui en est à sa troisième édition débutera le 27 octobre prochain avec une kyrielle de troupes sélectionnées pour participer à cette compétition des planches qui s'étalera jusqu'au 1er novembre. Sur une trentaine de candidatures formulées à travers le territoire national, seulement huit ont été retenues pour cette fête du théâtre où l'on prévoit de décerner la plus haute distinction récompensant la meilleure œuvre, “ La grappe d'or ”.Comme dans tout événement du genre, il est prévu beaucoup d'invités et de festivités dont des projections en plein air de films de fiction, des documentaires relatant les grands succès cinématographiques de Rouiched, et une exposition photo se rapportant à ses œuvres. Au départ, la création de ce festival était destinée à la mémoire de cet humoriste qu'était Rouiched, et puisque l'édition 2008 serait également un hommage, le principe de ce rendez-vous est ainsi respecté, d'autant que la majorité des activités qui s'y dérouleront concerneront la carrière ainsi que le parcours du “petit Rachid” alias Rouiched. Au menu de cette rencontre qui se clôture le 1er novembre, la date anniversaire du déclenchement de la lutte pour la libération nationale, il y aura, - actualité exige - des conférences débats autour du quatrième Art et précisément autour de la troupe du Front de libération national, dont a fait partie Rouiched et qui fête cette année son bicentenaire. Des ateliers de formation sur les métiers du théâtre seront également au menu de cette rencontre culturelle qui ranimera durant une semaine cette ville de l'ouest d'Alger où les événements artistiques sont rarissimes.De son vrai nom Ahmed Ayad, Rouiched est né en 1921 à la Casbah d'Alger. Pour survivre dans un contexte colonial éprouvant, le petit Ahmed a tout comme ses compères, fait un tas de petits métiers dont celui de vendeur à la sauvette. La Casbah n'était pas loin du théâtre national, appelé à l'époque, Opéra d'Alger. Rouiched est prédisposé à devenir artiste, même s'il n'a pas eu la chance comme tant d'autres qui ont appris le métier dans le tas, de faire une formation dans une quelconque discipline artistique.Son premier rôle, en tant que comédien, il l'avait campé dans une pièce qui s'appelle, “ Estardjaâ ya âassi ” (reviens à toi, inconscient), de Abdelhamid Ababsa. La représentation s'était déroulée au théâtre Mohamed Touri de Blida. A l'époque les gens avaient la hantise du juge, et novice Rouiched qui avait un petit rôle dans cette pièce aura l'idée ingénieuse de frapper la tête chauve du juge, où s'était posée une mouche. Son geste lui vaudra un tonnerre d'applaudissement et son physique de Bourvil marquera les esprits.Rouiched avaient côtoyé les personnages les plus en vue du monde du théâtre et du cinéma à commencer par Rachid Ksentini, Mustapha Badie, Nadjat Tounsi, Sid Ali Fernandel, Mohamed Touri et Mustapha Kateb, ... La consécration du comédien viendra avec la trilogie de Mohamed Lakhdar Hamina Hassen Terro (1967), Hassan Niya, L'évasion de Hassan Terro (1974) ... Il poursuit son bonhomme de chemin cette fois ci à la télévision algérienne où il jouera dans de nombreux sketches et téléfilms jusqu'à sa mort survenue le 28 janvier 1999 dans son domicile à El Biar (Alger). Rouiched était comme Beethoven complètement sourd. Il avait rendu l'âme après des années de lutte contre la maladie de la prostate.