«L'expression artistique, principalement le théâtre, peut servir à exorciser la société des maux qui la rongent et de résister, surtout, à l'emprise de la culture coloniale», a souligné M.Abdelhamid Rabia. La capitale du Titteri a ressuscité le regretté Rouiched durant cette 3e édition du Festival national du théâtre comique dont le coup d'envoi a été donné lundi au complexe du théâtre de l'université de Médéa. La séance d´ouverture s´est déroulée en présence de grandes figures du 4e art algérien, des membres de la famille du comédien Ahmed Ayad, d'une noria d'artistes et de comédiens nationaux et d´une foule nombreuse de citoyens. Par ailleurs, cinq grandes figures de la troupe théâtrale du FLN, en l'occurrence Taha El-Amiri, Djaâfar Bek, Mustapha Sahnoune, El Hadi Redjab et Sid-Ali Kouiret, ont été honorées aussi, à l'occasion du cinquantenaire de la naissance de cette troupe. Cette troisième édition du Festival national du théâtre comique a été une opportunité pour ressusciter cette pyramide des 4e et 7e arts. De son vrai nom Ahmed Ayad, Rouiched a été un phénomène hors du commun. D´aucuns de ses fans lui attribuent des qualificatifs qui résument la personnalité de cet «acteur singulier et sincère», un «rassembleur», un «phénomène de l'improvisation», ou encore un «artiste polyvalent» et «comédien avant-gardiste et engagé», qui continue de faire rire et pleurer, à la fois, même après sa mort. Le témoignage croisé de deux comédiens, dont l'un n'est autre que le fils, Mustapha, et l'autre, un grand admirateur, en l'occurrence le talentueux comédien Abdelhamid Rabia, lèvent le voile, dans un entretien à l'APS, en marge du festival, sur certains aspects méconnus du «dernier des Mohicans», comme aime bien le distinguer Abdelhamid Rabia, Rouiched, cet homme de théâtre émérite qui a su mettre le 4e art au service de la culture algérienne. En dépit de quelques «oublis» de l'histoire, Rouiched était un artiste «polyvalent et complet» qui excellait aussi bien dans l'animation radiophonique, la comédie, le cinéma ou la chansonnette, une singularité qui a contribué, selon son fils Mustapha Ayad, «à forger la personnalité de Rouiched et faciliter, plus tard, sa transition vers le cinéma, contrairement à beaucoup d'autres artistes et comédiens qui n'ont pu réussir ce passage», fait-il observer. Son don et ses prédispositions pour l'art sont à l'origine de son succès et sa popularité auprès du public, estime, pour sa part, le comédien Abdelhamid Rabia qui dit voir en lui «tout le talent, le charisme et la magie captivante qu'incarnaient d'illustres comiques du siècle passé, parmi lesquels Charlie Chaplin, Buster Keaton, ou encore Louis de Funès, Fernandel ou l'acteur égyptien Ismaïl Yacine». Ses mimiques lui ont valu, ajoute-t-il, le surnom de «Rachid Seghir», en hommage à son père spirituel, le regretté Rachid Ksentini, en faisant remarquer, toutefois, que, contrairement à de nombreux comédiens débutants, Rouiched était «un comédien inné», destiné à incarner ce personnage populaire, sympathique, adopté par tout le public. Avec La Dame aux camélias, dont il partage la vedette avec Mohamed Hilmi, Spoutnik, interprété aux côtés de Sid-Ahmed Agoumi, ou Deux pièces-cuisine et Les concierges, Rouiched réalise, à juste titre, souligne Abdelhamid Rabia, que «l'expression artistique, principalement le théâtre, peut servir à exorciser la société des maux qui la rongent et de résister, surtout, à l'emprise de la culture coloniale». Si le cinéma a quelque peu éclipsé l'homme de théâtre, estime Mustapha Ayad, surtout après la sortie sur les écrans de Hassan Terro et l'Opium et le bâton, il est convaincu que derrière le personnage de Hassan Terro, il y a toujours l'ombre de Rouiched. Un programme a été tracé par les organisateurs de cette manifestation qui comprend plusieurs activités artistiques et culturelles, notamment des projections en plein air de films et de documentaires relatant l'épopée de la glorieuse révolution, les grands succès cinématographiques de Rouiched, des conférences-débats sur le quatrième art en Algérie sur la troupe du Front de libération nationale, le parcours artistique du défunt comédien. Des ateliers de formation dans les métiers du théâtre au profit du public sont aussi au programme de cette manifestation.