Les travaux de la 63e session de l'Assemblée générale de l'ONU se sont poursuivis en fin de semaine par l'introduction dans les débats du sixième rapport complet du SG de l'Organisation sur le " progrès dans la mise en œuvre et l'appui international au Nepad ". Le rapport indique, dans le contexte actuel, où le ralentissement de l'économie mondiale se conjugue avec les prix élevés des denrées alimentaires et du pétrole, la mise en œuvre concrète du NEPAD et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne seront possible qu'avec l'engagement ferme et la volonté politique claire des pays africains mais aussi des partenaires internationaux de développement. Le rapport ne nie pas les progrès réalisés par les pays africains dans la mise en œuvre des priorités sectorielles du Nepad, mais appelle à l'adoption urgente de mesures pour atténuer l'impact socio-économique du prix élevé et croissant des denrées alimentaires au moyen d'une " révolution verte africaine " menée dans le cadre du Programme intégré pour le développement de l'agriculture en Afrique. Les pays africains devraient également allouer des ressources plus importantes et adopter des réformes appropriées en vue d'encourager davantage le secteur privé à participer aux projets du Nepad. De leur côté, les partenaires du développement devraient renforcer l'aide au développement et la rendre plus efficace afin que les OMD soient remplis dans les délais prescrits. " Si la communauté internationale et les pays africains ne prennent pas de mesures politiques appropriées, l'amélioration des conditions de vie de millions d'Africains se verra remise en question. Des infrastructures modernes et efficientes, axes routiers, équipements dans le domaine de l'eau, de la technologie de l'information et de la communication, par exemple, sont indispensables pour assurer une croissance économique soutenue et un secteur privé productif ", souligne le rapport du SG de l'ONU, M Ban Ki-moon. Les gouvernements africains devraient donc continuer d'appliquer des réformes institutionnelles propres à attirer les capitaux privés et développer partenariat entre secteur public et secteur privé pour financer des projets d'équipement. Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, par exemple, ils pourraient encourager les pays producteurs de pétrole à investir leurs fonds souverains dans l'infrastructure, recommande Ban Ki-moon. En outre, poursuit-il, maintenant que sept pays ont fait l'objet d'un examen par les pairs et que 29 participent au processus du Mécanisme d'évaluation intra-africaine, il est essentiel que les gouvernements mettent en œuvre les recommandations formulées par le Mécanisme dans ses rapports de pays, et que le processus d'examen s'accélère de façon que la proportion de pays ayant déjà lancé le processus augmente rapidement. Pour tenir leur engagement d'accroître, d'ici à 2010, leur aide de 50 milliards de dollars, dont la moitié au bénéfice de l'Afrique, les pays du G8 devraient de leur côté intensifier leur aide publique au développement (APD) et améliorer l'efficacité de cette aide, préconise également le rapport. Les gouvernements africains et les partenaires du développement devraient conclure des pactes formels définissant les rôles et les responsabilités de chacun de telle sorte que les engagements financiers soient tenus et alignés sur les systèmes nationaux. Alors que les partenaires du développement nouveaux et émergents renforcent sensiblement leur engagement à l'égard de l'Afrique, il est essentiel que tous les donateurs, tant traditionnels que nouveaux, mettent sur pied un mécanisme novateur pour coordonner leurs actions dans les domaines de l'aide, du commerce et de la viabilité de la dette. Le troisième Forum de haut niveau sur l'efficacité de l'aide qui se tiendra prochainement à Accra (Ghana) sera l'occasion de se pencher sur les nouvelles dimensions de l'harmonisation de l'aide et de la collaboration des donateurs, estime le rapport du SG de l'ONU. L'allégement de la dette a stimulé les investissements dans la santé et l'éducation de base, rappelle Ban Ki-moon. Toutefois, les effets conjoints de la hausse brutale des prix du pétrole et des denrées alimentaires risquent de faire obstacle à des niveaux d'investissement soutenus dans ces secteurs sociaux. Aussi, dans le cadre d'une coopération Sud-Sud efficace, on pourrait envisager de créer un mécanisme par lequel les pays tirant des revenus exceptionnels de leurs exportations de pétrole verseraient une contribution aux pays africains les plus vulnérables, ajoute en conclusion le rapport. Le représentant algérien à ces 26e et 27e séances plénières, Mourad Benmehidi, intervenant dans les débats, a rappelé que la réunion de haut niveau du 22 septembre dernier sur le développement de l'Afrique est intervenue à point nommé. Elle a permis à la communauté internationale, notamment les pays développés du continent, de renouveler leur engagement à apporter le soutien nécessaire au développement du continent. La réunion a également permis de signaler que, au rythme où vont les choses actuellement, si rien de fondamental n'est entrepris d'ici là, la plupart des pays africains n'atteindront pas les OMD d'ici à 2015. Il a aussi rappelé que le débat intervient dans un contexte international marqué par une crise mondiale multiforme. Selon lui, l'Afrique est pénalisée à double titre. D'une part, elle est moins préparée à y faire face, et d'autre part, elle risque de subir les répercussions négatives de la crise sur le niveau de l'aide au développement. Benmehidi a souligné l'importance du cadre novateur du Nepad et la donne nouvelle qu'il introduit dans les relations du continent avec ses partenaires étrangers. Créé et voulu par les pays africains eux-mêmes, le Nepad leur permet d'attirer l'attention de leurs partenaires du développement sur les grands sujets de préoccupations du continent. Il repose d'abord sur les potentialités nationales et régionales africaines et répond à une nécessité et des besoins que les pays du continent ont eux-mêmes définis.