Suite aux inondations de Ghardaïa, une série de mesures d'urgence en matière d'hydraulique cible les dégâts causés dans la vallée du M'Zab, où la gestion des violentes crues cycliques de l'oued mise désormais sur la haute technicité d'une étude globale déjà en cours de réalisation. Merah Zidane, secrétaire général du ministère des Ressources en eau, a évoqué jeudi soir à Ghardaïa à l'issue d'une visite de terrain sur différents sites endommagés, que des mesures d'urgence et des solutions techniques sont mises en place afin de reconstruire ce qui a été détruit, tels que l'effondrement, par endroits, de murs de berges et de la chaussée.Sur un tronçon situé entre le pont Adaoud et celui de Sid Abaz, via le site Comapi, au coeur de la ville de Ghardaïa, les eaux de l'oued en crue avaient débordé "sur une hauteur de trois mètres au-dessus de la chaussée". Il est important de signaler que la procédure d'expropriation en fonction des nouvelles données hydrologiques, notamment les constructions et locaux commerciaux endommagés par la crue sur les deux rives a été accélérée notamment à Adaoud et Comapi, a indiqué M. Merah, accompagné des représentants de, pratiquement, toutes les institutions nationales liées à la gestion des ressources en eau, ainsi qu'aux travaux publics. D'autres décisions ont été prises aussi, entre autres celles prises quant à l'élargissement de l'oued aux endroits sensibles, le rétablissement des réseaux d'assainissement et d'eau potable défectueux, la construction de murs en béton armé "dans les points durs hydrauliques" sur un tronçon de 5 km, et l'achèvement, dans les meilleurs délais, de l'évacuateur de crues et des ouvrages annexes de la digue de l'oued El Abiod, un des principaux affluents du M'Zab. M. Merah, ainsi que nombre d'experts en hydraulique, dont le chef de projet de la vallée du M'Zab, Missoum Benritab, ont clairement déclaré que si la digue d'El Abiod s'était effondrée sous la poussée des eaux fluviales, l'ampleur de la catastrophe aurait été beaucoup plus grave. El Abiod est connu pour être l'un des principaux affluents du M'Zab qui est alimenté également par les cours d'eau El Aadira (El Himeur) et Ghrasil (Boubrik). C'est surtout les eaux de ces deux derniers oueds, qui n'ont pas encore été endigués, qui se sont déversées avec une violence exceptionnelle sur la vallée du M'Zab début octobre dernier. En complément aux mesures d'urgence, l'élaboration d'une nouvelle carte d'inondabilité puisée des actuelles données hydrologiques, d'inventorier les sites les plus exposés, est notamment prévue dans le but de mettre en place un dispositif d'alerte "moderne et fiable" contre les crues et couvrant toute la zone concernée. Ce dernier sera mis en place pour remplacer celui d'avant le système auquel se fiait la tradition communautaire dans la vallée du M'Zab et qui consistait à une alerte au baroud de ksar en ksar qui, par l'usure du temps et du fait de l'évolution du tissu urbain, s'est avéré inefficace et limité, car il ne répond plus aux besoins d'une métropole moderne, a-t-on constaté. Aujourd'hui, il n'est plus question de bricoles mais de mesures et solutions solides, il est cité comme exemple, la reconstruction de ponts "selon le gabarit hydraulique", s'imbriquent en fait dans une vision de long terme s'appliquant à sécuriser et libérer la population et leurs biens d'un cauchemar millénaire. Une étude du modèle réduit faite par le Laboratoire des études maritimes et testée avec succès par un autre organisme technique algérien (BET), indique que dès la réalisation de ces trois ouvrages, le débit prévisible d'être régulé, est estimé à 170 m3 par seconde (mc/s) à hauteur de Touzouz, en amont de la vallée, et en son aval, à 380 mc/s près d'El Atteuf. Pour la réussite de ces opérations elles seront en amont consolidées par des travaux de recalibrage et d'endiguement de l'oued sur près de 27 kilomètres, tout en lançant le projet de réalisation d'un collecteur principal d'eaux usées avec un segment de trois kilomètres en "ovoïde" (galerie). Le projet se bouclera, vers 2010, sur une station de traitement des eaux usées par lagunage, en cours de réalisation, devant à terme fournir 46.000 mètres cubes d'eau traitée par jour utilisables à des fins agricoles.