"Oxygéner le tissu urbain" saturé de la vallée du Mzab est la principale idée qui balise le débat autour des constructions illicites sur les berges de l'oued Mzab dont les dernières crues ont causé tant de pertes en vies humaines ainsi que de terribles dégâts aux infrastructures. Le directeur de la culture de Ghardaïa, Boulbalout Nacereddine, qui gère, à titre exceptionnel, la communication de wilaya en cette période particulière, marquée par une accélération du programme de reconstruction des zones sinistrées, a souligné que le vaste programme hydraulique, lancé par les pouvoirs publics pour contenir à long terme les crues à venir, est corollaire à la nécessité de remodeler la gestion de l'espace urbain qui a agressé le domaine naturel de l'oued. Certes, la métropole de la vallée du Mzab, aujourd'hui configurée en un condensât de quartiers tour à tour implantés au rythme des mouvements migratoires humains déclenchés à l'indépendance (1962), n'est plus cet espace de vie d'il y a 1000 ans, fondé sur une logique de survie et d'intérêts communautaires. El-Atteuf, Bounoura, Ghardaïa, Beni-Izguen puis Melika, qui furent construits successivement entre 1012 et 1353, forment une pentapole de ksour enguirlandés le long de l'oued Mzab. Selon nombre d'architectes-urbanistes de renommée mondiale, dont Le Corbusier, Pouillon, ou encore Ravereau, auteur de l'ouvrage "Le Mzab, la leçon d'architecture", ces ksour médiévaux font la démonstration d'une gestion lucide de l'espace présaharien, permettant à la communauté ksourienne de s'épanouir selon sa propre organisation économique à vocation marchande, sans jamais devoir agresser le fragile écosystème local. Très schématiquement, l'espace habitable initial de la cité du Mzab, épousant la pente d'un monticule rocailleux, évolue en grappe d'habitations et de ruelles enchevêtrées avec comme centre de gravité la mosquée et comme terminaison le marché. Quant à la palmeraie, en plus de sa fonction agricole vivrière, elle est le composant fondamental de l'écosystème oasien sans lequel aucun établissement humain n'eut été possible dans la ''chebka du Mzab'' qui quadrille ces austères contrées de rocaille.