Fermetures de routes, cheptel décimé, récoltes détruites, populations déplacées, tels sont en plus de pertes en vies humaines, les dégâts que causent depuis peu les intempéries dans notre pays. Les oueds en furie sont les premiers responsables de ces catastrophes saisonnières. Les nombreux dégâts se chiffrent à des milliards de DA et des centaines de morts. Les dommages subis par les infrastructures à Tizi Ouzou, la vingtaine de morts dans les pluies torrentielles de Tlemcen, El Bayadh en octobre 2008, Ain Defla, M'sila, la grande catastrophe de Ghardaïa… Ce phénomène touche aussi bien les Hauts Plateaux, avec Sétif, Souk Ahras que le Sud. L'approche de l'automne est synonyme depuis peu de tous les dangers, des pluies diluviennes font leur apparition aussi bien au nord du pays qu'au sud désertique. Nous ne sommes pas loin des événements de l'année dernière avec les inondations catastrophiques de Ghardaïa, Bechar, Naâma. Phénomène climatique normal ou main de l'homme, négligence, coupable ? On explique souvent ces perturbations climatiques comme étant des phénomènes que tous les continents vivent aujourd'hui. Il n'y a qu'à se rappeler le tsunami en Asie, les cyclones en Amérique, les grandes intempéries en Europe, liés, semble-t-il, à un tas de facteurs surtout les émanations de gaz à effet de serre, la déforestation de grands espaces boisés telle l'Amazonie. Souvent, comme c'est le cas à l'ouest du pays, les phénomènes climatiques s'annoncent chez les voisins, généralement en Europe, pour atterrir chez nous. Deux pays peuvent vivre simultanément la même catastrophe, cela a été le cas récemment du Maroc et de l'Algérie lors des intempéries de Tlemcen et El Bayadh. L'Algérie n'échappe donc pas à cette règle, elle est soumise aux caprices de la nature, mais cela n'appelle t-il pas des attitudes strictes de prévention ? Si l'on se fie aux dernières intempéries qui avaient touché des constructions fragiles des Ksour du Sud, les cités bâties sur le lit des oueds, dans le Mzab, les schémas d'évacuation des eaux non respectés à Bab El Oued, on ne peut que déplorer aussi la part de laxisme dont font preuve les citoyens, favorisé par l' absence des instruments d'urbanisme. Un architecte, commentant la survenance de ce genre de malédiction, n'a pas éludé « le destin », mais a trop insisté sur le non-respect de l'environnement naturel, l'oued « a été agressé dans son espace naturel », c'est le cas du sinistre d'El Ghaba, une grande palmeraie qui a coûté la vie à plus de 50 citoyens, à Ghardaïa, la majorité de la population a été sinistrée. Aujourd'hui, les gens du Sud évoquent souvent les oueds de la région de Laghouat à Naâma, en passant par Djelfa, comme des phénomènes meurtriers. Leur évolution à l'approche des grandes pluies est suivie par les éléments de la protection civile et la météo par des bulletins d'alerte spéciaux dits BMS. En attendant, rien ne vaut une observance stricte des prescriptions et des règles relatives à l'urbanisme. Identifier, déjà, les zones dangereuses qui deviennent inconstructibles, dégager les habitations qui s'y trouvent, construire des digues tel celles décidées à Ghardaïa au lendemain de la catastrophe… Enfin élaborer une carte des dangers climatiques comme on l'avait décidé pour les régions sismiques au lendemain du séisme ravageur de Boumerdès en 2003. Toute une batterie de mesures avait été mise en place, ces derniers temps pour s'adapter aux risques catastrophes tel l'identification des zones dangereuses soumises aux inondations, aux incendies, aux glissements de terrain, la formation des éléments de la protection civile à ce type d'intervention, la mise en place de plan Orsec… Le maître mot reste, il est vrai, la prévention d'autant plus que certaines catastrophes telles les crues des oueds, aujourd'hui les plus dangereuses de par les dégâts tant humains que matériels sont prévisibles lorsqu'il y a atteinte aux règles écologiques, à l'image des constructions anarchiques, des exploitations forcenées de sable… Il n'y a pas d'autres règles que celle soulignées plus haut par notre architecte. Que « la nature retrouve son espace et que l'homme retrouve le sien… ». Cela dit, il n'est pas non plus interdit de s'autoriser une digression sur le sujet puisque le Sud semble le plus fragilisé avec une architecture spécifique et le caractère non sédentaire des populations vivant d'élevage. Ce sont souvent des constructions classées qui ne résistent pas à l'épreuve de la nature qui donnent à réfléchir lorsqu'on évoque les Ksour du Mzab, de Tamentit à Adrar qui appellent des solutions de sauvegarde. De plus, les intempéries des régions steppiques ont une incidence aussi bien sur l'homme que sur son patrimoine, le cheptel.