L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a beau fermer quelques vannes, l'or noir poursuit sa dégringolade. La baisse de production décidée par l'Organisation vendredi risque à court terme de ne pas être en mesure d'arrêter la chute des prix de l'or noir, minés par les craintes liées à la récession économique.En effet, la baisse de un million et demi de barils décidée par l'Opep sur sa production journalière, destinée à enrayer la glissade du cours du baril qui a perdu 57 % de sa valeur depuis juillet, n'a pas eu l'effet escompté. Le pétrole était toujours en baisse, vendredi, autour de 62 dollars pour le baril de Brent de la mer du Nord et 64 dollars pour le brut léger américain, son plus bas niveau depuis mai 2007. Selon les analystes, une coupe de 1,5 million à partir du 1er novembre ne devrait pas parvenir à court terme à stabiliser les cours. "On a déjà assisté à une réduction de la demande de deux millions de barils de barils par jour. Je ne suis pas convaincu que cette baisse sera suffisante pour faire cesser la glissade (des cours)", a déclaré Rob Laughlin, du courtier MF Global. D'une part, "les marchés prévoyaient 1 à 1,5 mbj. Il aurait fallu une baisse plus forte pour provoquer un choc psychologique sur les marchés", souligne Cornelia Meyer, analyste énergétique indépendante. D'autre part, les mauvaises nouvelles économiques s'accumulent aux Etats-Unis et en Europe, mauvais présages pour la consommation d'énergie, alors que même les pays émergents comme la Chine ou l'Inde, moteurs de la demande pétrolière ces dernières années, sont atteints par la crise. Il convient de signaler que lors de cette réunion à Vienne, les pays membres de l'Opep étaient confrontés à un dilemme. "Si les pays membres du cartel s'étaient limités à une réduction de 1 mbj, les prix auraient chuté, mais s'ils étaient allés jusqu'à 2 mbj, ils s'exposaient à un tollé de protestations des pays consommateurs", confie Pierre Terzian directeur de la revue PétroStratégie. Le compromis de l'Opep est donc jugé insuffisant par le marché, qui anticipe une très forte diminution de la demande, comme lors de chaque récession. "C'est la première fois depuis bien longtemps que la demande de pétrole baisse", poursuit Pierre Terzian . Une inversion de tendance alors que depuis le début de la guerre d'Irak en 2003, la consommation a augmenté d'environ 10 %. "Il n'y avait rien à faire pour stopper les prix à la hausse, il n'y a rien qui puisse les stopper à la baisse. Il est donc tout à fait possible que les prix continuent à reculer", remarque Cornelia Meyer. Notamment si la situation de l'économie mondiale continue à se détériorer, minant la demande de pétrole. Dans ce contexte, L'Opep pourrait sans doute être tentée de resserrer encore plus son offre. Elle a prévenu qu'elle pourrait se réunir aussi souvent que possible, et pourrait agir si besoin avant sa prochaine réunion, prévue à Oran le 17 décembre. Déjà, la coupe de l'Opep devrait empêcher que des stocks pétroliers excessifs ne se constituent sur le marché "au premier trimestre 2009, au moment où la demande saisonnière baisse", remarque Vera de Ladoucette, analyste du Cera, qui ajoute que "l'Arabie saoudite et le Koweït ont déjà, par manque de clients, commencé à réduire leur offre". Selon l'AIE, l'agence internationale de l'énergie, qui en passant, a révisé en baisse la croissance de la demande de brut pour 2008, le jour où l'Opep décidait de réduire sa production. La demande mondiale s'établira à 86 millions 500.000 barils par jour.