Le ralentissement de l'économie mondiale n'épargne pas le minerai de fer. Ainsi, le prix de cette matière première indispensable pour fabriquer de l'acier, pourrait chuter de 10 à 20% l'an prochain, après avoir bondi de 85% en 2008, selon les pré-négociations entre groupes miniers et leurs clients, qui se sont tenues la semaine dernière à Qingdao en Chine. Le "Financial Times", qui cite ce matin des sources proches de ces discussions, précise que cette première rencontre était informelle, les véritables négociations ne commençant qu'en novembre. Une baisse des prix, si elle se confirmait, serait une bouffée d'oxygène pour les sidérurgistes comme ArcelorMittal, ainsi que pour leurs principaux clients, à savoir les constructeurs automobiles et l'industrie du bâtiment, dont les coûts avaient explosé ces dernières années.Rappelons que le prix du minerai de fer a été multiplié par plus de 4 sur les 5 dernières années... Sa dernière baisse remonte à 2002 (-2,4%), dans le sillage de l'éclatement de la bulle Internet et des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Cette année, les sidérurgistes chinois, premiers consommateurs mondiaux, souhaiteraient une conclusion rapide des négociations, profitant de la baisse des prix sur le marché "spot" (au comptant). Mais les principaux groupes miniers (le brésilien Vale et les anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton) seraient enclins à faire traîner les discussions jusqu'au printemps 2009, espérant que la demande mondiale se sera redressée d'ici là... Les contrats à terme, négociés de gré-à-gré entre producteurs et sidérurgistes, démarrent chaque année en avril, et généralement, les négociations se concluent entre décembre de l'année précédente et juin suivant. Pour certains secteurs néanmoins, cette morosité reste éphémère. L'indice CRB qui suit le prix de 19 matières premières a gagné 5,9% en une journée, du jamais vu depuis trois décennies. En anticipation d'une reprise plus précoce que prévu, les prix des matières premières ont connu un bond historique mercredi. Ainsi le pétrole a-t-il gagné 6% pour revenir à 68,89 dollars américains, l'or a gagné 13,50 dollars pour atteindre 754 dollars américains l'once. Cette hausse est attribuable aux baisses de taux d'intérêts aux États-Unis et en Chine. Les investisseurs s'attendent à ce que la croissance reparte rapidement, notamment en Chine, ce qui stimulera à nouveau la demande pour les matières premières. La semaine dernière à Londres, lors d'un colloque portant sur le secteur des matériaux, les différents intervenants ont eu l'occasion de partager leurs impressions. Et ce qui a été dépeint, n'est pas un secteur sinistré, loin s'en faut. "La majorité des clients et producteurs se sont résignés à l'idée que l'année 2009 sera très rude pour les métaux. Mais l'optimisme émane des perspectives à long terme", souligne Bart Melek, analyste à la BMO, "même si la Chine ralentira inévitablement en 2009, elle continuera de soutenir la demande". C'est aussi ce que pense Tom Albanese, président du premier fabricant mondial d'Aluminium, Rio Tinto. À son avis, le ralentissement chinois découle plus de sa politique monétaire trop rigide que de la faiblesse de ses marchés d'exportation. Suite à la baisse des taux d'intérêts, Tom Albanese table sur un délai de six mois pour relancer la croissance en Chine.