A partir du premier avril, le prix du fer augmentera de 9,5 %, producteurs et sidérurgistes se sont mis d'accord avant la fin de l'année 2006. Une double surprise pour les experts, d'une part parce que beaucoup misaient sur une baisse des prix, d'autre part parce que peu d'entre eux s'attendaient à un accord aussi rapides après les tergiversations de 2006 qui se sont étalées jusqu'au mois de juin. Les pourparlers avaient même tourné au vinaigre ; la Chine, brandissant des menaces pour faire plier les producteurs, avait dû s'incliner suite à l'accord trouvé entre Brésiliens et Allemands. Mais cette fois, Pékin a réussi à concrétiser ses ambitions : en étant le premier à annoncer la signature d'un accord avec les trois grands fournisseurs, au nom de l'ensemble de la sidérurgie chinoise Baosteel, le premier producteur chinois d'acier fait de son pays un protagoniste de premier plan capable de fixer le prix de référence pour la sidérurgie mondiale. Japonais et Coréens lui ont d'ailleurs emboîté le pas juste avant le nouvel an. La domination chinoise, dans la discussion, est fondée en termes de production puisque le géant de l'Asie fabrique plus du tiers de l'acier mondial, il est même redevenu exportateur net en 2006. Pour alimenter ses hauts fourneaux il lui faut donc importer toujours plus de minerai. Ses importations ont augmenté de 25% l'année dernière. Si l'accord a été trouvé aussi facilement pour 2007, c'est sans doute parce que les Chinois ont intégré les règles du marché mais aussi parce que les conditions se sont modifiées. Au printemps 2006, la baisse des prix de l'acier inquiètent les sidérurgistes qui craignent qu'une hausse du minerai ne fasse fondre leur marge, mais depuis les prix de l'acier se sont ressaisis et la faiblesse du dollar a considérablement adouci la facture du minerai, ce qui expliquerait en grande partie la bonne volonté affichée cette année par la sidérurgie. Du côté des producteurs de fer, cette nouvelle augmentation leur donne des ailes. Avec la prodigieuse hausse de 2005, les prix avaient crû de 71%, les tarifs ont augmenté au total de 189% en quatre ans, un bond gigantesque réalisé uniquement sur le marché physique, sans le soutien des investisseurs puisqu'il n'existe pas de cotation à terme pour le fer comme c'est le cas pour les métaux. En Australie, le premier exportateur mondial, le fer devrait devenir cette année le premier revenu d'exportation, devant le charbon. Même évolution au Brésil où le fer produit par CVRD prendra la première place au soja. En quelques jours le champion 2006 du super cycle des matières premières a perdu plus du tiers de sa valeur. Depuis le sommet atteint en mai dernier, à 8 800 dollars la tonne, le métal rouge a brutalement chuté dans la zone des 5 600 dollars en ce début de janvier. Le métal reste néanmoins plus cher aujourd'hui qu'en janvier 2006. Selon le modèle des vases communicants propre à tous les marchés de matières premières, quand les stocks montent, les cours baissent. C'est exactement ce qui vient de se produire. Les volumes de cuivre détenus par le marché londonien ont doublé en six mois. La cause est connue : le ralentissement de la construction aux Etats-Unis observé dans les derniers mois de 2006 a regarni les dépôts. Cette brusque décompression signalerait-elle la fin prématurée du super cycle de hausse parti pour durer quinze ans selon les plus optimistes ? Peut-être, si l'on en croit les analystes économiques. Rendus pessimistes par le ralentissement de l'activité, les Américains, qui consomment environ 400 kilos de cuivre pour la plomberie et les câbles électriques de leur maison, devraient lever le pied sur les chantiers. Un phénomène qui concerne aussi l'Europe. Après quatre ans de déficit, le marché devrait donc revenir à l'équilibre cette année, et pourquoi pas devenir excédentaire, ce qui accentuerait la pression à la baisse.