L'Union européenne met la dernière main, hier, à la position unifiée qu'elle présentera lors du sommet du G20 de Washington, où elle souhaite promouvoir une meilleure régulation des marchés et un rôle accru du Fonds monétaire international. Réunis à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept devraient sans surprise acter le soutien exprimé en début de semaine par leurs ministres des Finances aux propositions françaises sur une nouvelle architecture du système financier international. Ces principes, a indiqué mardi la ministre française Christine Lagarde, "peuvent se résumer à la nécessité de ne pas opérer de repli protectionniste et, en même temps, de faire jouer les règles du marché dans le cadre d'une régulation du marché". Dans ce cadre, un "non papier" de la présidence française de l'UE, obtenu jeudi par Reuters, détaille cinq "orientations" que les Européens chercheront à voir adopter lors de ce premier sommet sur la réforme du système financier mondial. Il s'agit de l'enregistrement et de la surveillance des agences de notation ; de la convergence des normes comptables et de la réforme de l'application de la règle de la juste valeur ; de l'extension du champ de la régulation et de la surveillance ; de la mise en place de codes de conduite pour éviter la prise de risque excessive ; de l'octroi au FMI de la responsabilité première de recommander les mesures nécessaires pour restaurer la confiance et la stabilité. Le document, qui exprime le souhait de l'Europe de prendre "une part active" à cette réforme, précise par ailleurs que "le Fonds monétaire international doit être doté des ressources nécessaires et des instruments appropriés pour soutenir les pays en difficulté". Au-delà de ces revendications, les Européens chercheront aussi à définir à Washington un programme et une procédure de travail en vue des prochains sommets. Ce cadre devra permettre de présenter, "sous 100 jours, des propositions concrètes et opérationnelles sur les sujets identifiés comme prioritaires", peut-on lire dans le document, qui fixe également les conditions de cette réforme. Il s'agira, est-il écrit, d'associer de manière effective les pays émergents à la régulation mondiale, notamment via un élargissement du G8, et de s'appuyer sur les réalisations concrètes de l'Union européenne. Parmi ces réalisations figure notamment la réforme en cours de la directive CRD (Capital Requirements Directive) sur les fonds propres des banques. "Grâce à ce travail, l'Union européenne a montré un leadership décisif", dit une note de la présidence beaucoup plus détaillée qui reprend les différents point de consensus existant entre les Vingt-sept? "Un problème global requiert aussi une réponse globale coordonnée, et donc l'UE devrait demeurer proactive et ambitieuse permettant de rehausser l'architecture financière actuelle", dit ce second document, dont Reuters a également obtenue copie jeudi. Les "orientations politiques" contenues dans ces documents, confirme-t-on au sein de la présidence française de l'UE, permettront à l'Europe d'exprimer un "leadership international" et de porter haut son message lors du sommet du 15 novembre à Washington et des suivants. Selon toute vraisemblance, ceux-ci ne seront cependant pas organisés avant l'entrée en fonctions de Barack Obama et de la nouvelle administration américaine le 20 janvier 2009.