Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G20 sont réunis dans la mégalopole brésilienne (Sao Paulo) pour discuter des premières mesures à prendre afin de lutter contre la crise économique internationale. Le président brésilien prône un rôle accru des pays émergents : "Le G7 ne peut pas contrôler seul la situation financière mondiale plus longtemps", estime le président Lula. "La contribution des pays émergents est essentielle". Mais la création d'une nouvelle architecture financière mondiale prendra du temps, juge le président de la Banque mondiale. Il faut procéder par étapes. "Les participants à cette réunion parlent de faire évoluer le G7 ou G8 permanent", explique Robert Zoellick. "Moi, je parle d'un groupe qui inclurait un noyau des pays émergents, un groupe qui compterait la Chine, le Brésil, la Russie, l'Inde et le Mexique". Ces derniers pays réclament, pour leur part, une réforme du Fonds monétaire international, en vue d'un meilleur équilibre entre les pays les plus industrialisés et les pays en développement. Les participants ont continué hier (dimanche) leurs discussions avec les pays développés à Sao Paulo pour renforcer leurs poids dans la gouvernance économique mondiale, alors que la tourmente financière continue de menacer les établissements financiers et l'économie mondiale. Lancées samedi par le président brésilien Luiz Inaci Lula da Silva, les discussions entre ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des pays du G20 ont été qualifiées de " très productives " par les Etats-Unis. Le sous-secrétaire au Trésor pour les Affaires internationales, David McCormick, a jugé que Lula avait "présenté un panorama constructif des défis auxquels nous faisons face et la nécessité pour les pays développés et en voie de développement de travailler ensemble pour répondre à ces défis". Présidé par le Brésil, le G20 concentre 85% du PIB de la planète et les deux tiers de sa population. Il rassemble sept économies avancées (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) l'Union européenne et les principaux pays émergents (Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie). Les pays émergents, notamment les géants de l'exportation aux liquidités immenses, veulent maintenant peser davantage sur la conduite des affaires du monde. "Il s'agit d'une crise mondiale qui exige une réponse mondiale. C'est le moment de formuler des propositions pour un changement réel dans l'architecture financière mondiale", a assuré le président Lula, qui a demandé un rôle accru pour les pays émergents dans la gouvernance économique mondiale. "Nous avons besoin de moderniser le système multilatéral pour que d'importants pays en développement, comme le Brésil, puissent faire entendre leur voix", a déclaré, samedi, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick. Il a ajouté que "dans les deux ans, on verrait de vrais changements dans le système mondial". La réunion à Sao Paulo doit préparer le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 le 15 novembre à Washington, convoquée d'urgence par le président américain George Bush sous la pression des Européens. Tirant les leçons de la crise financière, les pays y réfléchissent aux moyens de mieux réguler la finance et aux possibilités de coordonner des plans de relance pour remettre l'économie mondiale sur la voie de la croissance. Illustrant le poids croissant des pays riches émergents, l'Islande, en plein naufrage financier, a demandé l'aide de la Chine, après avoir négocié le mois dernier avec la Russie. Aux Etats-Unis, où le président élu Barack Obama a appelé à des mesures urgentes pour faire face à la crise économique, les démocrates se mobilisent pour sauver le secteur automobile, 32% en octobre, et les géants du Detroit, Général Motors et Ford, ont menacé de faillite l'an prochain.