Les marchés d'Asie ont la plupart rechuté dans le rouge hier, l'optimisme suscité par le plan de relance en Chine s'effaçant au profit des craintes pour la santé des entreprises, en particulier pour le géant automobile américain General Motors au bord du dépôt de bilan. La Bourse de Tokyo notamment, qui avait flambé lundi après l'annonce par Pékin d'un plan de relance de l'économie de 4.000 milliards de yuans (455 milliards d'euros) jusqu'à la fin 2010, a terminé en recul de 3%. Hong Kong baissait de 0,59% à la mi-séance après avoir oscillé toute la matinée entre le rouge et le vert, tandis que Shanghai cédait 0,79%. Sydney a terminé en baisse de 3,58%, Taipei de 2,15% et la Nouvelle-Zélande de 1,35%. Vers 06H00 GMT, Bombay perdait 4,34% et Singapour 1,40%. Bangkok s'affichait au même moment en petite hausse de 0,12% et Jakarta de 0,41%. Le plan de relance chinois "a eu un effet à court terme. Les marchés qui ont bondi avec la nouvelle vont se corriger par la suite", a commenté un courtier à la Bourse de Singapour, cité par Dow Jones Newswires. L'optimisme faisait également long feu sur le marché pétrolier, où le cours du baril est reparti à la baisse mardi dans les échanges électroniques en Asie. Dans les échanges matinaux, le prix du baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre reculait de 1,48 dollar à 60,93 dollars le baril. Au Japon, des statistiques publiées mardi par le ministère des Finances ont illustré une fuite sans précédent des investisseurs non-résidents hors des marchés d'actions et d'obligations en octobre, alors que les gros fonds spéculatifs étrangers réduisaient massivement leur exposition sur fond de panique boursière généralisée. A la Bourse de New York, l'indice Dow Jones a perdu lundi 0,82% et le Nasdaq 1,86%, sur un marché plombé par le titre General Motors (GM) qui a dévissé de 23% pour retomber à son niveau de juste après la Seconde guerre mondiale. Les investisseurs craignent que les actionnaires de GM se retrouvent sur le carreau en cas de dépôt de bilan. Les analystes de la Deutsche Bank ont même estimé lundi que le cours de l'action pourrait chuter à zéro dollar. Le colosse de Detroit, qui emploie un quart de million de personnes et dont l'effondrement aurait des conséquences incalculables pour l'économie mondiale, avait reconnu vendredi être menacé d'une crise imminente de liquidités, qui l'a conduit à abandonner son projet de rachat de Chrysler et à lancer un appel à l'aide "indispensable" au gouvernement fédéral américain. Washington a par ailleurs décidé lundi de porter à un montant sans précédent - plus de 150 milliards de dollars - l'aide à l'assureur AIG, en situation précaire malgré un précédent plan de sauvetage. AIG et le groupe de refinancement hypothécaire Fannie Mae, lequel est placé sous la tutelle de l'Etat fédéral américain depuis septembre, ont annoncé des pertes abyssales au troisième trimestre. Toujours aux Etats-Unis, la crise économique a aussi fait sa première victime de marque dans la distribution, avec la faillite, à la veille des fêtes, du vendeur d'électronique grand public américain Circuit City. En Europe, l'Etat suédois a pris le contrôle de la banque d'investissement Carnegie pour "assurer la stabilité financière". Le Premier ministre britannique Gordon Brown a laissé entrevoir des baisses d'impôts pour stimuler l'économie. L'une des manières de relancer l'économie "est d'injecter de l'argent via des baisses d'impôts ou en augmentant les dépenses publiques", a-t-il déclaré. Alors que les chiffres de la croissance au troisième trimestre en Allemagne seront connus jeudi, l'entrée en récession de l'Italie ne fait plus de doutes, après l'annonce d'une baisse mensuelle de 2,1% de la production industrielle en septembre, le pire recul en dix ans. Aux Etats-Unis, en Europe et en Asie, la santé du secteur automobile constitue un des grands facteurs d'inquiétude. Le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker s'est dit lundi favorable à des mesures d'aide. "Il en va de l'automobile comme du secteur de la construction. Si ces deux secteurs tombent en panne, l'économie générale risque de ne pas relever de sitôt la tête", a-t-il estimé. Le constructeur allemand Opel, filiale de General Motors, a réclamé de nouvelles aides au secteur.