Les marchés restaient prudents et pour la plupart à la baisse hier, le rebond de la veille à Wall Street n'ayant pas dissipé les craintes de récession mondiale et de marasme pour les constructeurs automobiles, qui ont lancé un appel au secours aux Etats-Unis. Les opérateurs continuaient d'observer de près mardi les discussions en cours aux Etats-Unis entre les constructeurs automobiles, plombés par la crise, et les autorités. A Washington, les patrons des "Big Three" américains General Motors, Ford et Chrysler ont tenté de convaincre le Sénat de leur accorder un crédit-relais de 25 milliards de dollars (20 milliards d'euros) pour survivre à la crise. Le PDG de Chrysler, Robert Nardelli, a affirmé que son groupe ne pourrait plus fonctionner normalement "sans un soutien financier immédiat" de l'Etat fédéral, et agité l'épouvantail d'une faillite de Chrysler, qui mettrait en péril 56.000 emplois directs. Le PDG de General Motors Rick Wagoner a de son côté tenté de convaincre les parlementaires qu'au delà d'un plan de sauvetage sectoriel, "il s'agit de sauver l'économie américaine d'un effondrement généralisé". Le patron de Ford, Alan Mullaly, a lui aussi mis en garde contre un "effet dévastateur sur l'ensemble des constructeurs, des équipementiers et des concessionnaires" si l'un de ses concurrents s'effondrait. Pour renflouer leurs caisses mal en point, Ford a vendu 20,4% du capital du japonais Mazda Motor pour environ 425 millions d'euros, et General Motors les 3,2% qu'il détenait dans Suzuki Motor pour 180 millions d'euros. La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a prévenu que toute aide au secteur automobile "doit être accompagnée de conditions très strictes", notamment en termes de primes et d'indemnisations. Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a de nouveau refusé qu'une partie des 700 milliards de dollars affectés au sauvetage du système financier soient utilisés pour soutenir l'économie, en particulier le secteur automobile. Malgré ce sombre panorama, la Bourse de New York a terminé en hausse mardi, le Dow Jones gagnant 1,83% et le Nasdaq 0,08%. En Europe, la Bourse de Paris a ouvert quasi stable mercredi (+0,05%), Francfort en légère hausse de de 0,15% et Londres en baisse de 0,12%. En Asie, les marchés étaient moins optimistes mercredi. Tokyo a clôturé en baisse de 0,66% sur un marché très peu actif, et Séoul de 1,9%. Shanghaï a en revanche bondi de 6,05%, après avoir chuté dans des proportions similaires la veille, portée par une chasse aux bonnes affaires, notamment énergétiques, selon des courtiers. En Europe, le secteur automobile est aussi l'objet de toutes les attentions. La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré mardi que les Européens allaient s'assurer que le plan américain de soutien au secteur automobile ne pénaliserait pas l'industrie européenne. Les constructeurs automobiles européens ont demandé en octobre une aide chiffrée à 40 milliards d'euros sous la forme de prêts à taux réduit, et des primes pour inciter les consommateurs à remplacer leurs voitures. Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, a en revanche exclu de lancer un programme de soutien global pour l'industrie automobile nationale. Le constructeur allemand Opel a annoncé mardi qu'il allait réduire sa production de près de 10% en 2009 en raison de la baisse de la demande et qu'il envisageait également de passer à la semaine de 30 heures. Opel s'est tourné il y a quelques jours vers le gouvernement allemand pour demander une aide financière, se disant victime des difficultés de sa maison mère General Motors, au bord de la faillite. La chancelière Angela Merkel a promis de prendre d'ici Noël une décision sur une éventuelle garantie d'Etat. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a indiqué mardi qu'il "ne voit pas encore" de tendances déflationnistes en zone euro.