Réformer la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI), réguler les fonds spéculatifs, contrôler les paradis fiscaux, pudiquement appelés " territoires non coopératifs " dans le jargon officiel, changer les normes comptables, encadrer les rémunérations, mettre de la transparence partout... l'économie mondiale est un vaste chantier.Un chantier sur lequel les chefs d'Etats du G20 devaient sérieusement se pencher hier. Avant d'entrer dans le vif du sujet, ils étaient tous invités par leur hôte, le président américain George Bush pour un dîner à la Maison Blanche L'occasion pour ce dernier de rappeler à tous l'importance de ce sommet exceptionnel. Les dirigeants des principales puissances économiques et des pays émergents se dirigeaient vers un accord sur la création d'un système d'alerte précoce destiné à prévenir les catastrophes financières, un engagement en faveur de règles de comptabilité plus strictes et une série d'autres mesures pour tenter d'éviter de futures crises économiques. Les dirigeants des pays du G-20 cherchent à s'accorder sur des mesures destinées à responsabiliser les acteurs du système financier, et à le rendre plus transparent aux yeux des organismes régulateurs, ont indiqué des sources diplomatiques, souhaitant rester anonymes. Ils devraient appuyer des règles de comptabilité plus efficaces concernant la manière dont les entreprises valorisent leurs actifs financiers. Selon la même source, les responsables présents à Washington se dirigeaient aussi vers un accord sur des mesures de durcissement du contrôle des investissements à risque. Le nouveau système d'alerte précoce serait chargé de détecter les signes précurseurs de problèmes financiers naissants. Vendredi, les responsables du Fonds monétaire international, des principales banques centrales et des organismes de régulation majeurs ont déclaré qu'ils allaient coopérer sur des "alertes précoces" destinées à détecter les vulnérabilités du système. Un nouveau "collège de superviseurs", qui rassemblerait les principaux organes de régulation, serait chargé d'observer à la loupe les grandes institutions financières mondiales, pour pointer du doigt les prises de risque excessives. La tendance américaine en faveur d'un développement de la surveillance des systèmes financiers semble prendre le pas sur le désir européen de renforcer les règles de la régulation internationale. "Des milliards de gens qui travaillent dur comptent sur nous" a déclaré George Bush vendredi soir, alors que ses invités arrivaient à la Maison Blanche. Un second sommet est envisagé au début du printemps, une fois que Barack Obama aura pris ses fonctions à la présidence des Etats-Unis. Le président-élu a souhaité rester à l'écart du sommet, mais il a choisi l'ancienne Secrétaire d'Etat Madeleine Albright et l'ancien parlementaire républicain Jim Leach pour le représenter lors de rencontre avec les dirigeants en marge du G-20. Des rendez-vous avec les dirigeants de l'Argentine, du Mexique et de la Corée du Sud ont ainsi eu lieu vendredi et des discussions avec des représentants d'autres pays sont prévues samedi. L'incertitude primait vendredi sur les marchés aux Etats-Unis, entre la baisse record des ventes du mois dernier et une possible réduction supplémentaire des taux d'intérêt, envisagée par la Réserve fédérale pour encourager la consommation. Vendredi, George W. Bush a toutefois lancé une mise en garde contre de trop fortes interventions gouvernementales. "Les réformes du secteurs financier sont essentielles", certes, mais le président américain estime que les mesures de contrôle des sociétés financières préconisées par certains Européens risquent de tuer l'économie mondiale au lieu de la protéger. Avant son départ, Angela Merkel avait estimé à Berlin "ces avertissements surprenants si peu de temps après l'éclatement de la crise. Nous ne l'avons pas encore vaincue", a rappelé la chancelière allemande. Pour autant, elle a affirmé que son gouvernement serait heureux de renoncer à ses prises de participation dans les banques, contreparties d'un plan de soutien de 500 milliards d'euros. Le premier ministre britannique Gordon Brown a au contraire abondé dans le sens du président américain, en soutenant la liberté des marchés et la nécessité de laisser aller le commerce. "Le protectionnisme conduit à la ruine" a déclaré le Britannique devant le conseil des relations internationales à New York.Le premier ministre japonais a estimé que la réunion serait l'occasion de tirer des leçons des efforts du Japon, qui a combattu une crise immobilière dans les années 1990. "Nos actions ont un impact", déclare George W. Bush dans un discours écrit vendredi, et qui sera diffusé à la radio samedi à l'occasion de son allocution hebdomadaire. "Les Etats-Unis et (leurs) alliés prennent les bonnes mesures pour faire face à la crise".