Les marchés continuaient à glisser hier matin en raison de craintes persistantes sur les perspectives de croissance de l'économie mondiale, alors que les opérateurs, non rassurés par la réunion du G20, s'inquiètent plutôt de la capacité des Etats à juguler la crise. Les marchés restent ainsi attentifs aux mauvaises nouvelles qui ne cessent de s'accumuler. Les mauvaises nouvelles continuent, en effet, de pleuvoir. Le Japon a rejoint lundi la liste des pays ou régions déjà en récession, parmi lesquels figure la zone euro. Le PIB nippon a diminué de 0,1% sur la période juillet-septembre, après un recul de 0,9% sur la période avril-juin. Le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, a déclaré qu'il ne comptait pas puiser davantage dans les 700 milliards de dollars mis à sa disposition par le Congrès pour sauver les banques d'ici à la prise de fonction du président Barack Obama, le 20 janvier. Plombée par ces annonces, Wall Street avait nettement chuté en soirée, le Dow Jones perdant 2,63%, dans la foulée des places européennes. Celles-ci poursuivaient le mouvement hier matin : Paris abandonnait 1,35%, Londres 1,54% et Francfort 1,32%. La Bourse moscovite était, elle, dans la tourmente, le RTS et le Micex ayant été suspendus pour une heure à partir du début d'après-midi, après une baisse de près de 5%, consécutive à une nouvelle journée de déprime la veille. Les marchés asiatiques avaient ouvert la voie quelques heures plus tôt. La Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 2,28%, au lendemain de la confirmation que le Japon, deuxième économie mondiale, était entré en récession à son tour, après la zone euro ou Hong Kong. Le marché saoudien, le plus gros des pays arabes, a également ouvert en baisse de 2,5%. Le prix du pétrole a fini aussi en forte baisse à New York, sous les 55 dollars le baril, sur un marché inquiet devant le ralentissement de la demande dans le monde. “En Grande-Bretagne, le patronat prévoit une récession” plus forte et plus longue que prévu, avec un recul de 1,7% du PIB en 2009 et une montée du chômage à 9%. Seule note optimiste, la production industrielle américaine a rebondi de 1,3% en octobre, après une chute historique en septembre. “Les craintes de récession mondiale pèsent sur le marché”, commentait un analyste pour qui “le sommet financier (du G20) a laissé l'impression que les mesures de relance économique ont du mal à accélérer”. Au lendemain du sommet de Washington, le prochain président américain a promis de relancer l'économie américaine, quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire. M. Obama s'est prononcé aussi pour un plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine, dont la faillite annoncée “serait une catastrophe”. Après l'enveloppe de 25 milliards de dollars de prêts décidée en septembre, une nouvelle tranche de 25 milliards doit être discutée au Congrès, alors que les trois grands constructeurs américains (General Motors, Ford et Chrysler) sont en plein marasme. En Europe, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker a plaidé, hier, pour une “stratégie européenne de sauvetage” pour l'industrie automobile, en réaction au plan que préparent les Etats-Unis pour le secteur. Les constructeurs européens ont demandé, en octobre, une aide chiffrée à 40 milliards d'euros sous la forme de prêts à taux réduit et ont souhaité parallèlement des primes pour inciter les consommateurs à remplacer leurs voitures. R. E.