Le rapport précise que cette aide internationale supplémentaire serait néanmoins insuffisante pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) fixés pour 2015 ; c'est en fait quelque 10 milliards de dollars US de plus par an au plan national et international qu'il conviendrait d'investir. " La facture d'un montant de 10 milliards USD pour la réalisation de l'OMD peut sembler exorbitante, mais elle doit être replacée dans son contexte. Ce chiffre représente moins de cinq jours de dépenses militaires mondiales et moins de la moitié des dépenses annuelles en eau minérale des pays riches ", souligne le Rapport. Et les gains en termes de développement humain seraient considérables : plus d'un million d'enfants sauvés au cours de la prochaine décennie et un bénéfice économique total de près de 38 milliards USD par an. Le Rapport souligne le retard pris par certaines régions ou pays au regard des OMD : si, dans l'ensemble, l'accès à l'eau s'améliore sensiblement - principalement grâce aux importants progrès réalisés en Chine et en Inde - seules deux régions, l'Asie de l'Est et l'Amérique latine, sont bien avancées en matière d'assainissement [6]. En additionnant les chiffres pays par pays, 234 millions d'individus n'atteindront par l'objectif relatif à l'eau (55 pays sont en retard) et 430 millions de personnes manqueront l'objectif relatif à l'assainissement (74 pays en retard)." L'absence d'accès à l'eau potable est un euphémisme pour désigner une pauvreté profonde" selon le rapport. En effet, ce document met en lumière de grandes disparités dans les prix payés par la population pour l'eau. Plus on est pauvre, plus on paie cher l'eau salubre. Les ménages des bidonvilles urbains paient généralement le litre d'eau 5 à 10 fois plus cher que les résidents de zones à revenus élevés. Et ceux qui vivent dans les quartiers les plus pauvres de villes comme Accra et Manille paient leur eau plus cher que les Londoniens, les New-Yorkais et les Parisiens. Les ménages les plus démunis de Jamaïque, du Nicaragua et du Salvador consacrent en moyenne 10 % de leurs revenus à l'eau. Au Royaume-Uni, on considère un taux de 3 % du revenu des ménages consacré à l'eau comme un indicateur de pauvreté. Ces chiffres illustrent la grande réciprocité entre pauvreté et manque d'eau et d'assainissement. La sécurité de l'approvisionnement en eau des populations pauvres, notamment en zones rurales, est également essentielle à l'agriculture et la production des aliments. " Les petits agriculteurs, gardiens de troupeaux et ouvriers agricoles représentent la grande majorité des quelque 830 millions de personnes souffrant de malnutrition dans le monde. " La combinaison du changement climatique et de la concurrence liée à des ressources en eau rares exacerbe une insécurité grandissante. Face à ces défis, la nécessité d'améliorer la coopération transnationale afin de garantir la sécurité de l'approvisionnement en eau des pauvres se fait plus tangible que jamais, étant donné que d'ici 2025, plus de 3 milliards de personnes pourraient vivre dans des pays soumis au stress hydrique, souligne le Rapport. Il reste à dire enfin que la gestion de l'eau partagée peut être un atout dans le sens de la paix comme de la guerre, mais c'est la politique qui décidera de l'orientation à lui donner .