La crise qui secoue le marché laitier européen risque à moyen terme d'affecter le marché algérien en proie déjà à des soubresauts en matière d'approvisionnement en poudre de lait. C'est le moins que l'on puisse dire quand on voit ce qui se passe dans le vieux continent. En effet, la situation de la filière laitière est très difficile pour de nombreux producteurs dans plusieurs Etats membres de l'UE où les prix de vente du lait sont déjà très bas. La proposition du Parlement européen d'augmenter les quotas laitiers des Etats membres de 1% par an jusqu'à la campagne 2013/14, pour préparer leur disparition prévue en 2015, n'a pas arrangé les choses bien au contraire, elle a suscité de vives controverses, du fait de la situation difficile des éleveurs producteurs. On assiste, en effet à un double retournement de tendance de l'offre et de la demande, ce qui perturbe les marchés laitiers mondial, européen. Aujourd'hui, on est en train d'expérimenter la volatilité finalement attendue d'une politique de dérégulation. Sur l'offre laitière, l'Océanie et l'Argentine, absents l'an dernier, font un retour en force : leur production pourrait augmenter de 10 % d'une année sur l'autre. Mais il faut dire que cette tendance finira par toucher de plein fouet les pays consommateurs comme l'Algérie. La crise financière et les problèmes liés à la défiance des produits laitiers chinois pèsent aussi sur le marché extérieur dont l'Europe laitière a besoin, car elle reste excédentaire. Et si les producteurs européens décideraient de réduire leurs productions, c'est l'offre qui baissera et ce sont les prix qui augmenteront. L'Algérie qui dépend entièrement de la matière première importée, à savoir la poudre de lait, ne sera plus en mesure de s'en approvisionner, et si elle arrivera à le faire, cela lui coûtera extrêmement cher. L'on se souvient tous du scénario de 2006-2007 concernant la cherté et l'indisponibilité de la poudre de lait. Certes, les récentes déclarations du ministre de l'Agriculture et du Développement rural concernant les nouvelles mesures envisagées par son département pour revaloriser et augmenter la production laitière en Algérie ont été accueillies avec beaucoup de satisfaction par les producteurs de lait et les laiteries. Ces nouvelles dispositions, estiment-ils, sont nécessaires pour redynamiser la filière lait qui accuse, en dépit des efforts consentis par l'Etat, un déficit en matière de production laitière. Que faire dans de telles circonstances? Pour les plus avertis, il y a lieu développer la production laitière locale à travers l'importation de vaches laitières et la mise en branle de bassins laitiers. Ce qu'on peut dire c'est qu'une année après la décision du gouvernement d'importer 500 000 vaches laitières, pour résorber la crise du lait en Algérie, l'opération est toujours à son point mort. Aucune suite n'a été donnée à ce sujet.