Les réserves disponibles permettront de tenir jusqu'au mois de mai. Un conseil interministériel est prévu dans les prochains jours pour mettre en place les mécanismes nécessaires devant juguler la crise de la production de lait. Produit de première nécessité et non des moindres, le lait, qui constitue un des éléments nutritionnels incontournable du modèle alimentaire algérien, risque de faire défaut au panier de la ménagère si des mesures urgentes ne sont pas prises dans les prochaines semaines. La flambée des cours mondiaux de la poudre de lait a mis sens dessus dessous la filière de la production du lait en sachets. Six unités ont déjà mis la clé sous le paillasson alors que 40 autres unités de production disposent de stocks ne leur permettant pas de tenir plus de deux semaines selon les déclarations faites, hier, par le président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. «Nous savions la crise patente mais elle aura atteint, ces jours-ci, son point culminant» a-t-il souligné. Les soubresauts incessants qui continuent de secouer la filière de la production, pour ne pas dire transformation laitière en Algérie, risquent de lui porter un coup fatal. Les causes principales? Un marché mondial en pleine effervescence et une offre européenne pas assez conséquente. La tonne de poudre de lait, matière première indispensable à la fabrication du lait revendu en sachets est passée de 2300 dollars US à 2450 dollars pour avoisiner les 3500 dollars US. L'offre insuffisante de l'Europe ainsi que sa politique de subvention en matière de subventions agricoles ont très fortement nui et pénalisé les importateurs algériens de poudre de lait, ajouté à cela une sécheresse inhabituelle et persistante en Océanie ainsi qu'une demande de la croissance vertigineuse en Chine, et c'est tout le marché mondial qui se retrouve en ébullition. Ce sont toutes ces causes combinées qui font qu'un sachet de lait à 25DA n'est plus rentable aux unités de transformation et mettent en péril leurs équilibres financiers. Le découvert bancaire est estimé à 34 milliards de dinars par le groupe Giplait. Le prix du sachet de lait est estimé à l'heure actuelle à 38DA. Une augmentation conséquente si elle devait s'avérer effective entraînerait, sans aucun doute, une grogne dont les conséquences imprévisibles sont plus qu'à redouter par une paix sociale qui ne tient déjà qu'à un fil. Selon les acteurs de la filière, la libéralisation du marché ainsi que la cessation de la politique de subvention et de soutien à des produits de base et de première nécessité tels que le lait, entraîneraient une envolée spectaculaire -du prix réel de ce dernier qui se situerait- dans une fourchette variant de 70 à 90DA. L'augmentation du prix du lait devrait avoir une incidence notoire sur les produits dérivés tels que les fromages et les yaourts. L'appel lancé aux pouvoirs publics afin de trouver des solutions adéquates met à nu la politique d'industrie laitière insuffisante pour satisfaire un marché national dont la demande est en constante croissance et estimée à 3 milliards de litres par an. Les chiffres avancés par les services spécialisés tendent à indiquer que la production du lait cru serait en hausse croissante. M.Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture a avancé le chiffre de 2,2 milliards de litres. Pour combler un déficit estimé à 35%, le département du ministre de l'Agriculture projette d'importer 50 000 vaches laitières.