Le ministre du Commerce El Hachemi Djaâboub, a annoncé, hier, la création d'un office interprofessionnel du lait pour prendre en charge l'approvisionnement des producteurs laitiers en matière première (poudre). Une décision accueillie à bras ouverts par les industriels du lait, à l'image du groupe public Giplait. "Nous avons reçu avec beaucoup de satisfaction la création d'un office interprofessionnel qui régulerait le marché du lait, et qui dit marché du lait cela ne concerne pas seulement l'approvisionnement en poudre de lait mais le marché du lait interne et local", dira un membre du directoire du groupe Giplait qui intervenait, hier, sur la Chaîne III de la Radio nationale. Il faut dire que la grogne des professionnels du lait en Algérie a atteint son paroxysme, notamment après le refus du gouvernement d'autoriser une hausse conséquente du prix du sachet de lait. Actuellement, le prix du litre de lait en sachet est de 25DA. Les producteurs privés exigent la révision de ce tarif qui, à en croire ces mêmes producteurs, leur inflige des pertes considérables depuis que les prix de la poudre de lait ont augmenté sur le marché mondial. Déjà, sur 98 producteurs privés, 15 ont mis la clé sous le paillasson, dit-on. La situation est, selon toute vraisemblance, proche de l'explosion. Autrement dit, la décision du gouvernement de mettre en place un organe interprofessionnel pour la filière lait vient à point nommé pour répondre aux doléances exprimées par les professionnels. Le gouvernement, qui a évité jusque-là ce sujet qui risque de faire des vagues au sein de la société sociale, en l'occurrence augmenter le prix du sachet du lait, est placé devant un choix difficile, c'est le moins que l'on puisse dire : continuer à subventionner une partie du prix, ou procéder graduellement à un rééquilibrage des tarifs. Une méthode souvent utilisée pour faire, en quelque sorte, avaler la pilule. Très tôt, l'Etat a fixé des prix à la production à un niveau raisonnable et un prix à la consommation particulièrement bas. La consommation a donc très rapidement augmenté, provoquant une forte demande que seules des importations massives de poudre de lait pouvaient satisfaire. La filière du lait en Algérie fait face, depuis quelques mois, à une crise sans précédent en raison de la rupture chronique des stocks de la poudre de lait. Les soubresauts incessants qui secouent la filière de la production, pour ne pas dire transformation laitière en Algérie, risquent de lui porter un coup fatal. Les principales causes, un marché mondial en pleine effervescence et une offre européenne pas assez conséquente. Effectivement, le problème de la matière première ne réside pas uniquement dans le fait que les prix ont subitement grimpé ; il y a une pénurie. L'offre est réduite du fait de la sécheresse ayant sévi dans les principaux pays producteurs de la poudre de lait comme la France et les Etats-Unis. Pour revenir à la filière lait en Algérie, les professionnels n'ont de cesse d'évoquer les problèmes ayant trait à la collecte de lait cru. Certains suggèrent même de revoir le système des subventions à la collecte. D'autres vont encore plus loin et parlent des filières annexes qui touchent indirectement la production laitière, à savoir la production fourragère qui jusque-là reste insuffisante. Les éleveurs recourent ainsi à l'aliment du bétail, lequel se vend à son tour très cher.