La crise financière ne peut pas épargner indéfiniment l'économie nationale tant qu'elle persiste encore et les experts internationaux convergent sur sa poursuite, du moins sur le moyen terme. Bien que la question ne soit plus d'actualité mais elle continue toujours d'alimenter le débat parmi les milieux économiques. Les effets de la crise mondiale sur l'Algérie viennent d'être remis sur la table des discussions à la faveur d'un débat auquel vient de prendre part le consultant algérien Abderrahmane Mebtoul. Répondant à une question relative aux risques qu'encourent l'Algérie dans un contexte mondial marqué actuellement par une asphyxie financière, M. Mebtoul déclarera que, certes, « cette crise ne touche pas le système financier dans la mesure où ils n'existent pas de véritables banques, ni de bourses de valeur reliées aux réseaux mondiaux et le dinar n'est pas convertible. Mais les recettes en devises proviennent pour plus de 98% des hydrocarbures, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole et toute décroissance de l'économie mondiale a des répercussions sur la demande. Car, c'est une question de demande et non d'offre, ce qui explique que les différentes réunions de l'Opep aient eu un impact limité perdant d'ailleurs avec les différentes réductions de quotas des parts de marché au profit des pays non Opep ». C'est sur le plan du repli de la demande mondiale sur les produits énergétiques que l'économie nationale ressent la crise économique mondiale, explique, en substance, Abderrahmane Mebtoul. Dans une vision qu'il a eue concernant les conséquences potentielles de cette crise à moyen terme sur l'économie nationale, le consultant a requis plus d'attention sur les dépenses publiques. Contrairement à ceux qui sont favorables à la relance de la croissance par la consommation, M. Mebtoul n'écarte pas d'éventuelles retombées négatives qui peuvent être provoquées par la mise en œuvre du programme de relance sur la période 2009-2014 et auquel le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, dit prêt à mobiliser des capitaux d'une valeur globale de 150 milliards de dollars. Abordant cette question, Mebtoul estime que « des tensions budgétaires devraient se manifester fin 2010, le cours du pétrole souhaitable pour l'Algérie (étant) entre 75/80 dollars le baril ». Mebtoul estime qu'« après une dépense de plus de 150 milliards de dollars entre 2004 et 2008, le gouvernement a prévu 150 milliards de dollars de dépenses publiques entre 2009 et 2014 (…) Or, le cours du pétrole étant libellé en dollars, toute dépréciation du dollar se répercute sur la parité du pouvoir d'achat. L'Algérie a entre 140 et 150 milliards de dollars de réserves de change et un stock de la dette inférieure à 5 milliards de dollars. Au rythme des dépenses 2008, des nouveaux besoins d'investissement avec des plans de financement de Sonatrach (63 milliards de dollars) et 15 milliards de Sonelgaz, (alors) des tensions budgétaires devraient se manifester fin 2011 (surtout) sans améliorer la gouvernance marquée par une gestion parfois défectueuse ». A la question de savoir si les dernières mesures gouvernementales ne sont-elles pas un retour sur les réformes engagées précédemment par le gouvernement, le consultant déclare que « l'option de l'économie de marché et l'approfondissement des réformes dans un cadre maîtrisé grâce au rôle actif de l'Etat régulateur, sont des options irréversibles». M. Amani