Les experts de la FAO affirment, désormais que les oiseaux migrateurs ne seraient pas la cause principale de propagation de l'influenza aviaire à travers le monde. Selon l'analyse par la FAO de près de 350 000 prélèvements sur des oiseaux sauvages partout dans le monde, la migration de ces oiseaux ne serait pas la cause privilégiée de la propagation de l'influenza aviaire, mais plutôt le commerce international des volailles." Les oiseaux migrateurs ne sont pas la cause principale de diffusion du virus ", disent-ils. " Une cartographie des foyers d'influenza aviaire au cours du temps, montre que ces foyers suivent des routes de commerce de volailles, beaucoup plus que des flux d'oiseaux migrateurs". Ceci est bon à savoir. Il reste que la menace d'une pandémie mondiale persiste toujours. En fonction du degré de virulence du nouvel agent pathogène, une pandémie grippale causerait, selon l'ONU, de 1,4 million à 70 millions de morts. Et la Banque mondiale estime que son impact économique pourrait s'élever à 3 000 milliards de dollars. A l'initiative de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et au nom du principe de précaution, de nombreux pays ont élaboré des plans nationaux visant à organiser au plus vite une série d'actions collectives préventives et curatives à mettre en oeuvre dès l'apparition des premiers cas. Où en est-on ? "Considérant que l'état de préparation du monde à une pandémie était quasi nul il y a trois ans, le niveau actuel d'alerte et d'action représente un succès majeur, explique-t-on. Toutefois, davantage doit être fait pour assurer que nous soyons prêts à affronter une crise mondiale de ce type. La principale faille tient à l'absence de coordination entre les pays quant aux mesures qui devront impérativement être prises pour assurer une continuité des activités sanitaires mais aussi économiques, sociales, administratives et politiques. Le rapport de l'ONU observe que la plupart des plans de réponse nationaux sont, pour l'essentiel, centrés sur les réponses sanitaires, et ce alors qu'une pandémie aurait un impact majeur sur tous les aspects de la vie quotidienne pouvant conduire à des phénomènes de panique collective. L'Europe comme l'Afrique, ou encore l'Amérique, n'échappent pas à ces critiques. Selon Richard Coker de " London School of Hygiene and Tropical Medicine ", seul un tiers des pays de l'UE ont élaboré des stratégies précises visant à assurer un suivi des activités socio-économiques en cas de pandémie. Des disparités considérables existent entre les pays sur des questions aussi centrales que le dépistage aux frontières, les restrictions à l'entrée sur le territoire aux personnes venant de pays infectés ou l'usage (prophylactique ou curatif) des stocks nationaux de médicaments antiviraux. Autre incohérence majeure, dénoncée celle-là par des spécialistes : l'absence de constitution de stocks massifs d'antibiotiques et de vaccins spécifiques puisqu'il apparaît aujourd'hui que la grande majorité des millions de victimes de la grippe espagnole de 1918 est morte non pas d'une infection virale, mais de surinfections bactériennes pour lesquelles n'existaient pas, alors, de réponses préventives ou thérapeutiques. En conclusion, que les oiseaux migrateurs soient responsables ou pas de la propagation de la grippe aviaire, le problème n'est pas là mais plutôt dans la prévention contre une éventuelle pandémie même si effectivement la maîtrise des facteurs de transmission fait partie de l'ensemble de moyens à déployer pour faire face à la propagation de la pathologie.