Le recul des prix des céréales s'est accentué (-16,3% sur un mois) en Europe. Ils sont désormais inférieurs de 43,3% à ceux d'octobre 2007 et de 8,7% à ceux d'octobre 2006, a précisé l'Insee. "L'accroissement des estimations de récolte mondiale, en dépit du recul annoncé en Argentine, et l'importance des stocks prévus en fin de campagne conduisent à l'effacement presque complet de la flambée des deux dernières campagnes" . Les oléagineux présentent les mêmes tendances (-12,3% en octobre et -18% sur un an), en raison de la hausse des estimations de récoltes, mais aussi de la baisse du prix du pétrole dont les biocarburants sont un substitut. Les fruits ont augmenté de 8,8% en glissement annuel, avec des progressions supérieures de 37,1% pour les poires et de 10,9% pour les pommes à cause d'une baisse de la production, liée notamment à des intempéries. Les prix des productions animales ont augmenté de 2,6% par rapport à octobre 2007, mais le veau a continué de reculer (de 0,9% en octobre et 17,3% sur un an) alors que le porc a progressé, de 3,5% sur un mois et de 18,2% sur un an. Sous l'effet de la baisse des produits carnés, les prix de gros des produits alimentaires témoignent d'une baisse de 1,8% au regard des prix enregistrés en 2007 durant la même période. Le scénario est donc à la baisse partout dans le monde… sauf en Algérie. En effet, le citoyen assiste impuissant à la dégringolade de son pouvoir d'achat. L'Algérien semble être l'éternel perdant de la fluctuation des prix du pétrole. Il a subi pleinement les conséquences négatives de la hausse des cours de cette matière première sans tirer profit, aujourd'hui, des effets positifs induits par la baisse de ces mêmes cours. Autrement dit, lorsque les prix des matières premières étaient élevés sur le marché international, l'Algérien payait plus cher son couffin, en expliquant que cela est dû à la hausse des prix des produits alimentaires sur le marché mondial, en raison bien entendu d'un surcoût de l'énergie (pétrole plus cher). Les prix des produits alimentaires importés ou fabriqués localement sur la base de matières premières importées étaient donc chers, ce qui est tout à fait logique. Aujourd'hui que les prix de l'or noir ont baissé et ceux des matières premières avec, les prix des produits alimentaires qu'ils soient importés ou fabriqués en Algérie restent inchangés. Les prix sur le marché intérieur n'enregistrent presque pas de baisse. C'est l'une des caractéristiques du marché local. Là où il n'y a pas de hausse, il n'y a pas non plus de baisse des prix. Bien au contraire, pour certains produits comme les viandes (rouge et blanche) et les œufs, la tendance est haussière. La question qui se pose d'elle même est de savoir au jour d'aujourd'hui à quelle logique le marché algérien obéit-il ? À celle de la spéculation et du comportement du citoyen purement et simplement. Entre autres l'effet de l'Aïd el Adha, une fête durant laquelle des millions de moutons sont sacrifiés. Autrement dit, la spéculation fait rage à la veille de telles occasions. Cette année ne fait pas exception. Mais cela n'explique pas tout. La raison est que les augmentations touchent aussi la viande blanche. Là on parle carrément de filière en agonie. La même chose pour le lait ; au moment où en Europe on parle de surproduction, en Algérie, le lait Candia le moins cher fait 70 DA le litre sur le marché de détail. Le sucre aussi est à son seuil habituel, oscillant entre 65 et 80 DA le kilo. Autant récapituler et dire qu'en l'absence d'un régulateur, il n'est pas surprenant que le marché national obéisse à d'autres règles que celles de l'économie de marché.