Les marchés asiatiques ont plongé lourdement mardi dans le sillage de Wall Street après l'annonce de l'entrée des Etats-Unis en récession, tandis que les pays de la zone euro ont pris leurs distances avec l'objectif d'un plan de relance économique de 200 milliards d'euros. Un organisme officiel américain, le Bureau national de la recherche économique (NBER), a annoncé lundi que la récession économique avait commencé aux Etats-Unis en décembre 2007 et se poursuivait toujours, confirmant ce que la plupart des économistes pensaient déjà depuis longtemps. La nouvelle, assortie d'une rafale d'autres indicateurs économiques exécrables aux Etats-Unis et en Europe, a replongé les marchés mondiaux dans la tourmente après une semaine d'accalmie relative. La Bourse de Tokyo, deuxième place financière mondiale, a terminé la séance sur un plongeon de 6,35%. Egalement en clôture, Sydney a chuté de 4,16%, Séoul de 3,35%, Taipei de 3,57%, Manille de 4,65% et la Nouvelle-Zélande de 1,18%. A la mi-séance, Hong Kong dégringolait de 4,94% et Jakarta de 2,61%. Vers 06H10 GMT, Shanghai perdait 0,69%, Singapour 2,22% et Bombay 3,63%. La veille, Wall Street, la première place mondiale qui avait regagné près de 10% la semaine dernière à la faveur du sauvetage de la banque Citigroup et de la présentation de l'équipe économique du futur président Barack Obama, avait lourdement rechuté: le Dow Jones avait perdu 7,70% et le Nasdaq 8,95%. Auparavant, les Bourses européennes étaient également descendues aux enfers, Paris perdant 5,59% en clôture, Londres 5,19% et Francfort 5,88%. La dégringolade s'est propagée au Canada, où Toronto a dévissé de 9,23%, et à l'Amérique latine, Sao Paulo cédant 5,07% et Mexico 4,88%. L'annonce de la récession aux Etats-Unis s'est accompagnée d'autres mauvaises statistiques. Les dépenses de construction ont baissé de 1,2% en octobre, et l'indice ISM de l'activité industrielle a chuté à 36,2 points en novembre, au plus bas depuis mai 1982. En Allemagne, les ventes de détail ont baissé de 1,6% en un mois en octobre, un recul plus fort que prévu. En France, l'indice des directeurs d'achat pour le secteur manufacturier a touché un plancher historique en novembre. Dans la zone euro, ce même indice est aussi tombé au plus bas le mois dernier. Au Japon, le marché automobile a connu en novembre son pire mois depuis 1969. Les pays de la zone euro ont pris leurs distances lundi soir avec l'objectif fixé par Bruxelles d'un plan de relance de 200 milliards d'euros face à la récession, certains gouvernements, se demandant si la barre n'avait pas été fixée un peu haut. Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a ainsi refusé, à l'issue d'une réunion avec ses collègues, de reprendre à son compte ce montant global pour l'UE, proposé la semaine dernière par la Commission européenne. Les quinze Etats de la zone euro ont en outre annoncé qu'ils ne baisseraient pas leurs taux principaux de TVA pour faire face à la récession économique, refusant ainsi de suivre l'exemple de la Grande-Bretagne. "Aucun gouvernement n'envisage une telle mesure", a déclaré M. Juncker. La Grande-Bretagne vient d'annoncer une baisse temporaire au 1er décembre de son taux de TVA (sauf sur l'alcool, le tabac et l'essence) qui passera de 17,5% à 15%, le minimum autorisé dans l'Union européenne, ce qui coûtera 12,5 milliards de livres (14,8 milliards d'euros). Sur le marché des changes, le dollar et l'euro chutaient fortement face au yen, devenu valeur refuge. Le billet vert est brièvement repassé sous les 93 yens et la monnaie unique européenne sous les 118 yens mardi matin en Asie, avant de se ressaisir légèrement quelques heures plus tard. L'euro évoluait à 1,2609 dollar mardi à 06H00 GMT en Asie contre 1,2607 dollar lundi soir. Face à la gravité de la situation économique américaine, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a reconnu qu'une nouvelle baisse des taux était certes possible, mais qu'une telle mesure touchait à ses limites. Le taux directeur de la Fed est actuellement de 1,0% seulement. Les investisseurs attendent les décisions jeudi de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre (BoE). La BCE, qui a déjà abaissé début novembre son principal taux à 3,25%, pourrait le réduire à nouveau de 0,50 ou 0,75 point, selon les analystes, afin de relancer l'activité dans la zone euro en récession, où le chômage, au plus haut depuis près de deux ans, a atteint 7,7% en octobre. La banque centrale australienne a pour sa part sabré mardi son principal taux d'intérêt d'un point de pourcentage à 4,25%, son plus bas niveau depuis plus de six ans, un mois après l'avoir déjà réduit de trois quarts de point. De son côté, la Banque du Japon (BoJ) a adopté mardi de nouvelles mesures pour aider les entreprises en difficulté à emprunter aux banques.