L'énergie et l'agriculture sont en passe de s'ériger en secteurs autant stratégiques que névralgiques pour l'économie mondiale dans son ensemble. La Banque mondiale vient d'en faire une démonstration exemplaire et illustrée. En effet, dans un rapport publié, avant-hier, sur les perspectives de l'économie mondiale à l'horizon 2009, l'institution de Bretton Woods souligne, d'emblée, qu' " à l'avenir la demande et l'offre de produits de base, comme le pétrole et les denrées alimentaires, pourront atteindre un équilibre à condition d'adopter des politiques adaptées dans les secteurs de l'énergie et de l'agriculture ". En parallèle, les craintes que suscitent les retombées néfastes de la crise financière actuelle sur les économies en développement ont été mises en évidence dans le document de la Banque mondiale. Présenté sous forme d'une filature, l'effondrement de la flambée, que ce soit pour les produits alimentaires et agricoles que pour les produits énergétiques, est finalement dû exclusivement à l'asphyxie qui frappe le monde de la finance depuis plusieurs mois déjà, fait encore ressortir le même document de la Banque mondiale.Le rapport consacré exclusivement à l'impact de la crise financière sur la croissance du PIB (produit intérieur brut) dans chacune des régions du monde, note aussi un " net ralentissement " partout à l'échelle planétaire, " y compris dans les pays en développement jusqu'ici moins touchés par les retombées de la crise en question ". A l'ombre de la tension persistante sur l'ensemble des secteurs d'activité, la Banque mondiale prévoit ainsi " une baisse de la croissance mondiale du PIB de 2,5 % en 2008 à 0,9 % en 2009. La croissance des pays en développement, vigoureuse en 2007, avec un taux atteignant 7,9 %, devrait retomber à 4,5 % en 2009. Les pays riches connaîtront vraisemblablement l'année prochaine une croissance négative ". En conséquence, toutes les conditions semblent réunies pour décréter que la crise actuelle est la plus grave crise que l'économie mondiale n'a pas connue depuis celle de 1929. A travers le rapport qu'ils viennent d'élaborer, les experts de la BM ont mis en garde contre l'essoufflement de l'économie mondiale à maintes reprises en soulignant, entre autres, " nous constatons que l'économie mondiale est en train de passer d'une longue période de croissance forte, tirée par les pays en développement, à une période de grande incertitude, la crise financière actuelle ayant ébranlé les marchés partout dans le monde. (…) Le ralentissement observé dans les pays en développement est très significatif parce que le resserrement du crédit affecte directement les investissements, un facteur essentiel des fortes performances réalisées par les pays en développement durant les cinq dernières années ". En outre, le même rapport confirme que c'est désormais que la crise financière actuelle commence à avoir des répercussions sur la région englobant les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. " La région Moyen-Orient et Afrique du Nord semble avoir bien résisté en 2008, avec une croissance maintenue à 5,8 %, mais ce chiffre global masque des fluctuations considérables au niveau du commerce, de la balance courante et des conditions du financement extérieur. Les pays exportateurs de pétrole étant confrontés à une baisse de revenus en 2009, la croissance régionale ne devrait pas dépasser 3,9 % ".