Photo : Riad Par Kamel Amghar L'Algérie s'apprête à lancer d'ambitieux projets pour parachever l'œuvre de modernisation de ses infrastructures de base. Les travaux publics, l'hydraulique, l'habitat, l'énergie, l'industrie, les transports et l'agriculture sont autant de secteurs ciblés à travers les différents programmes de développement élaborés à cet effet. Rien que pour l'exercice en cours, l'investissement public dans ces domaines est de l'ordre de 45 milliards de dollars. Les réseaux routiers, les chemins de fer, les ports, les aéroports et les barrages entre autres secteurs névralgiques comme l'enseignement supérieur, la recherche scientifique ou la santé tireront un grand avantage de ce colossal budget d'équipement, inscrits dans la loi de finances 2010. Pour le quinquennat 2009-2014, le gouvernement a présenté un plan pharaonique de 150 milliards de dollars. Contrairement aux années précédentes, les responsables algériens insistent, cette fois, sur des notions comme la préférence nationale, le partenariat durable, la création d'emplois, le transfert de technologie et de savoir-faire, la production de biens et de richesses in situ. Les mesures prises dans la loi de finances complémentaire (LFC) de 2009 sont intégralement reconduites dans le but déclaré de réduire la facture de l'importation avec l'ambition affichée de garantir progressivement l'autonomie du pays en matière de biens de consommation. Les nouvelles lois ainsi promulguées incitent aussi les investisseurs locaux et étrangers à s'inscrire dans la durée pour développer des partenariats permanents et mutuellement bénéfiques. Les amendements introduits sur les textes régissant le commerce extérieur et le code des investissements (nouvelle identification fiscale, 30% capitaux algériens dans les sociétés commerciales, participation de l'Etat à hauteur de 51% dans tous les placements lourds, forte taxation des bénéfices rapatriés, soutien multiforme accordé aux entreprises locales et celles qui réinvestissent leurs bénéfices sur place…) avaient temporairement fâché de nombreux sociétaires étrangers, notamment européens. L'argumentation des autorités algériennes a fini par convaincre et de nombreux opérateurs étrangers font part de leur disposition à s'adapter aux nouvelles règles du jeu. Désormais, l'attribution des marchés obéit à des critères stricts qui tiennent compte des intérêts et des besoins vitaux de l'économie nationale. Profitant de cette conjoncture, de nombreuses entités locales ont déjà bénéficié d'importants plans de charge avec à la clé des défis nouveaux à relever. Citons en guise d'illustration le groupe public Cosider qui vient de s'adjuger d'importants contrats portant réalisation de quatre barrages dans différentes régions du pays. Des entreprises privées émergent aussi du lot et diversifient leurs activités avec des retombées positives en matière d'emploi et d'expertise. L'exemple du groupe de BTP ETRHB Haddad est à ce sujet révélateur de la nouvelle mentalité des entrepreneurs algériens. Présent dans les travaux routiers, l'habitat, la réalisation d'ouvrages hydrauliques et la construction de voies ferrées, cette entreprise familiale, qui compte aujourd'hui 9 000 employés, ambitionne de doubler ses effectifs cette année pour les porter dans la fourchette de 18 000 à 20 000 salariés. Toujours en matière d'emploi, Sonatrach, la compagnie pétrolière nationale, se prépare à créer à moyen terme pas moins de 12 000 postes pour les cadres locaux. La première société économique du pays, qui s'est lancée avec succès sur le marché international, à travers une remarquable présence en Afrique et en Amérique latine, articule sa politique en matière de ressources humaines sur les compétences algériennes en la matière. C'est dire que les perspectives s'annoncent prometteuses pour les demandeurs d'emploi. Pour accompagner cette dynamique sociale, l'Etat consacre 10 milliards d'euros pour la protection du pouvoir d'achat des travailleurs à travers la subvention des produits de large consommation et le règlement des dépenses des services publics vitaux comme la santé. Toujours dans ce chapitre de la relocalisation de l'économie, l'Exécutif approfondit aussi ses stratégies concernant le développement agricole et le progrès industriel. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a réaffirmé récemment la volonté de l'Etat à rendre les terres agricoles (les plaines de la Mitidja, les Hauts Plateaux…) à leur vocation première. Un programme d'accompagnement serait élaboré dans ce sens. En matière d'industrie, la nouvelle stratégie gouvernementale encourage la mise en place de pôles d'excellence à travers des régions pilotes. La mécanique et la construction automobile, l'électronique et les nouvelles technologies, la chimie, la pétrochimie, la pharmacie, l'agroalimentaire, la sidérurgie, et les matériaux de construction figurent en bonne place parmi les filières privilégiées. Une vision qui obéit à l'impératif de l'intégration de ces branches d'excellence dans les marchés régional et mondial. Même si les détails de cette nouvelle politique restent encore à développer, le nouveau modèle de développement table sur la mise en place d'une politique industrielle de substitution des importations et de mise en valeur des ressources naturelles. En gros, 2010 s'annonce comme une année charnière pour l'économie algérienne.