Une voie nouvelle, le captage du gaz dès sa source de production et son stockage dans le sous sol apparaît comme une solution prometteuse pour faire face au risque de changement climatique. Il semble que l'Algérie a trouvé une solution techniquement faisable, économiquement acceptable et géologiquement viable. A 1.200 km d'Alger, dans un décor lunaire, le site de In Salah est devenu depuis 2004 le plus grand laboratoire de "pipeline écologique". Les puits gaziers exploités pour alimenter l'Europe continuent d'émettre du carbone mais le CO2 est aussitôt capturé et stocké dans des réservoirs géologiques, une expérience onshore unique au monde qui pourrait lutter contre l'effet de serre. Après avoir investi 1,7 milliard d'euros, les trois groupes, à savoir Sonatrach, le britannique BP et le norvégien Statoil, qui ont conclu un contrat de 30 ans pour ce gigantesque projet né en 2001, produisent chaque année 9 milliards de m3 de gaz à destination des marchés européens. Mais le gaz des champs d'In Salah contient de 4 à 9% de CO2 alors que l'Europe exige que le gaz naturel n'en contienne pas plus de 0,3%. Il fallait donc agir pour réussir à le commercialiser. Le joint-venture a donc décidé de réagir, en séquestrant et on stockant le CO2 pour toujours. "Nous aurions pu décider de laisser l'excédent s'évaporer dans l'atmosphère, mais nous avons décidé de séquestrer le CO2 venant du gaz et de le stocker pour toujours", explique Mohammed Keddam. La capture et le stockage de CO2 est un procédé technique qui sépare le dioxyde de carbone des gaz produits par les puits, comprime le CO2, puis le réinjecte dans la même formation géologique dans laquelle il était stocké depuis des millions d'années. Sur toute la durée de vie du projet, ce procédé va permettre de réinjecter dans un réservoir quelque 20 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent de l'émission de gaz carbonique de 200.000 voitures parcourant 30.000 km par an ou encore de 200 km2 de forêt par an, souligne ce dirigeant. Le CO2 est stocké dans un réservoir géologique, qui contient aussi du gaz, à 2.000 m sous terre, et cet investissement représente 100 millions de dollars. Alors pourquoi ne pas étendre ce projet à tous les champs gaziers et contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique ? "La plus grosse difficulté consiste à trouver un site bénéficiant d'un réservoir totalement intègre, sans fuite possible, et de capacités de stockage suffisantes", résume Mohammed Keddam, vice-président du joint-venture En effet, les risques de changement climatique sur terre résultent - pour l'essentiel - de la combustion de produits fossiles extraits du sous-sol et contenant du carbone. Ces combustions provoquent l'émission dans l'atmosphère de grandes quantités d'un " gaz à effet de serre ", le dioxyde de carbone, appelé aussi gaz carbonique. Selon l'AIE, les émissions globales de CO2 issues de la combustion de produits fossiles devraient croître de 62 % entre 2002 et 2030.