L'Algérie est en train de devenir un champion de la préservation de l'environnement grâce au site pilote de Krechba, dans le grand désert algérien où des millions de m3 de CO2 sont enfouis chaque année dans des réservoirs naturels souterrains pour protéger l'atmosphère de ce gaz à effet de serre. Située à In Salah, dans l'extrême sud algérien, l'usine de Krechba est l'un des rares projets dans le monde qui prennent en charge la technique dite "Capture et Stockage géologique du CO2" (CSC). Il donne la démonstration des potentialités de la CSC à avantager la réduction des émissions de CO2 qui seraient responsables de l'effet de serre qui dérègle le climat. La capture et le stockage du CO2, comme procédé de réduction des émissions de carbone par différentes sources industrielles peut, selon les experts, contribuer d'une manière significative, par les potentialités qu'il recèle, à aider à s'attaquer au changement climatique. Selon eux, l'enfouissement des gaz dans le sous-sol peut contribuer pour 15 à 55% aux réductions totales nécessaires des émissions de CO2 afin de stabiliser le changement climatique durant ce siècle. La CSC a un rôle important à jouer afin de remplacer la dépendance mondiale en combustibles à base d'hydrocarbures au profit d'un futur dans lequel une énergie à faible émission de carbone devient nécessaire. Dans ce contexte, In Salah fait partie des deux ou trois projets dans le monde qui utilisent l'enfouissement de CO2 dans le sol et "le monde industriel est en train de regarder ce qui se passe dans le sous-sol de ce site pour pouvoir généraliser cette technique dans les cas où elle peut être appliquée", a indiqué le président de "In Salah Gaz", Mohamed Keddam, mettant l'accent sur le caractère innovant de cette technologie utilisée en Algérie. Ils concluent, sur la base de leurs observations, que In Salah représente une démonstration à grande échelle que le procédé de capture et de stockage géologique du CO2 est sans danger et peut être réalisé actuellement. En outre, la formation géologique à In Salah présente aussi le type de structure rocheuse que l'on trouve dans beaucoup de régions dans le monde où les sources d'émissions de CO2 sont les plus importantes, comme l'Europe du Nord, les Etats-Unis et la Chine. L'enfouissement d'une tonne de CO2 ne coûte que 9 dollars américains. Chaque année, un million de tonnes de dioxyde de Carbonne sont enfouies au Sahara en Algérie dans un réservoir naturel rempli d'eau, soit l'équivalent de ce que rejettent en moyenne 200 000 voitures roulant 30 000 km par an. " Nous souhaitons provoquer un effet d'entraînement en démontrant que le procédé est techniquement faisable, économiquement acceptable et géologiquement viable ", soutient Mohamed Keddam, directeur général de In Salah Gas, projet conjoint du britannique BP, de l'algérien Sonatrach et du norvégien StatoilHydro. Le gaz extrait à Krechba (Sud de l'Algérie) a une teneur en CO2 trop élevée (6% en moyenne) pour être commercialisé (seuil maximum de 0,3%), une opération d'extraction du CO2, au moyen d'un solvant chimique -l'amine- est indispensable. Une fois " purifié ", le gaz est acheminé par un pipeline vers Hassi R'Mel, à 450 km au Nord, d'où il rejoindra l'Europe. Le CO2, après avoir été comprimé à 180 bars, est envoyé dans un réservoir naturel situé à la périphérie de la zone d'extraction du gaz. Opérationnel en 2004, In Salah Gaz est une joint-venture entre Sonatrach, BP et Statoil pour la production de 9 milliards de mètres cubes par an de gaz traité, prêt pour le marché, à partir des champs situés dans le désert au centre de l'Algérie. Adnane Cherih