La crise financière s'est peu à peu, transformée en crise multidimensionnelle. Ayant affecté l'économie réelle, la crise est en passe de devenir une crise des changes. Moins spectaculaire que la chute des marchés d'actions ou la bulle en train de se former sur les marchés des obligations d'État, l'évolution des marchés de change est tout aussi inquiétante. L'expert international, Abderrahmane Mebtoul fait ressortir le fait que le dollar vient de perdre, en 10 jours, plus de 11 % de sa valeur, passant sous la barre symbolique de un euro pour 1,40 dollar, les 16 et 17 décembre 2008. Il ajoute qu'il y a risque d'un dérapage plus important pour 2009/2010. M. Mebtoul explique également que pour le dollar qui représente toujours environ 60 % des transactions mondiales, avec l'importance des dépenses publiques et le primat au marché intérieur, certains instituts stratégiques mondiaux prévoient sa dépréciation courant 2009/2010, par rapport notamment à l'euro, entre 30/50 %. Il expliquera aussi que l'appréciation durant les derniers mois par rapport au cours de l'euro était due en fait, aux rapatriements des capitaux américains et non pas à l'attrait du taux d'intérêt de la FED extrêmement bas. Il estimera, par ailleurs, qu'en cas d'un fléchissement à la fois du cours du pétrole et du dérapage du dollar, l'effet baisse serait double pour l'Algérie avec un impact négatif sur la partie importation et les réserves de change libellées en dollars, dont les bons de Trésor américain placés à l'étranger. Dans un contexte plus large, ce sont les devises des pays émergents qui accusent le coup. Depuis trois mois, les devises des pays émergents sont en chute libre face au dollar. En effet, la crainte de retraits massifs des capitaux investis dans ces pays, gravement touchés par la crise économique, conduit les pouvoirs publics locaux à défendre leur devise par tous les moyens. C'est le cas par exemple de l'autorité monétaire de Hongkong, qui est intervenue lundi pour stabiliser le cours de sa monnaie face au dollar américain, ou encore de la Banque centrale russe qui, hier, a élargi pour la cinquième fois en un mois le corridor d'évolution du rouble, aboutissant à une dévaluation de fait de la devise russe de 10 %. La Banque centrale russe aurait dépensé le quart de ses réserves pour éviter une chute plus brutale de sa monnaie. Au Brésil, la défense du real passe par le maintien des taux d'intérêt à des taux très élevés, à contre-courant de ses homologues, la Banque centrale brésilienne a maintenu son taux directeur - le Selic - à 13,75 % lors de sa réunion monétaire du 10 décembre, après l'avoir relevé à deux reprises au cours des six derniers mois. Dans ce cas précis, la protection de la devise menace d'asphyxier l'économie. Ce qui n'empêche pas l'exemple brésilien d'être imité par d'autres pays d'Amérique latine ou d'Europe centrale. À ce phénomène touchant les marchés émergents s'ajoutent des mouvements violents entre devises des pays du G7. Le yen et l'euro ont grimpé de près de 12 % face au dollar en un mois, alors que la livre sterling ou le franc suisse enregistrent de fortes baisses, proches de leurs plus bas historiques.