Les opérateurs économiques n'ont pas cessé de tirer la sonnette d'alarme à propos des effets de l'ouverture économique du pays. L'entreprise locale de production est fortement concurrencée et elle est menacée de fermeture. Ce cri d'alarme est réédité à maintes reprises par plusieurs organisations patronales. C'était déjà le cas lors de la signature de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne il y a cinq ans. A cette époque, le Forum des chefs d'entreprise(FCE), mais aussi d'autres associations avaient soulevé le manque de concertation des autorités avec les opérateurs économiques. Le même reproche a été fait lors de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (Zale). La réponse du gouvernement est claire. Pour le premier cas, lorsque El Hachemi Djaâboub était encore ministre de l'Industrie, il avait dit que les sociétés avaient devant elles 12 ans, jusqu'en 2017, pour se mettre à niveau et être dans la capacité de soutenir la concurrence avec les produits d'origine européenne. Pour la Zale, la proposition de Djaâboub, devenu, entre-temps, ministre du Commerce, propose la liste négative. C'est ce qui était demandé par les patrons, y compris par Saïd Kahoul, du Conseil supérieur du patronat algérien. Et c'est ce qui continue d'être fait par le ministre. Une première liste négative était composée de 1511 produits appliquée dès la mi-janvier dernier. La liste des produits a été de nouveau revue à la hausse pour atteindre 1644 produits sur un total de près de 6000 produits enregistrés dans la nomenclature du tarif douanier algérien. 133 autres produits ont été ainsi ajoutés à la précédente liste. Cette nouvelle liste est annoncée hier par l'administration des Douanes algériennes et en vigueur depuis le 28 février 2010. Cela ne signifie pas une interdiction de l'importation de produits concernés mais une exclusion de ces produits des avantages douaniers prévus par l'accord de la Zale. Cette précision était donnée par le ministre du Commerce en marge d'un séminaire sur la PME, tenu récemment à Alger. Cette restriction a un effet d'une durée de trois à quatre années afin de protéger certaines filières de production menacées par les importations. La liste est établie par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie en collaboration avec les opérateurs économiques et avalisée par le Premier ministre. Il s'agit essentiellement des produits de l'industrie agroalimentaire, des produits agricoles, de textile, papier et carton et l'électroménager. L'Algérie importe de grandes quantités de produits destinés à l'alimentation et même les diouls sont importés de Tunisie à côté de carottes râpées. Avec la précision que rien n'empêche les Algériens d'exporter leurs produits. Ce que certains font déjà. La filière du textile est quant à elle à l'agonie. Ce n'est pas toujours la faute des accords de libre-échange. L'économie de l'Algérie est déjà ouverte et depuis longtemps. Le commerce de la valise et la fraude ont commencé à chasser le produit local de la consommation des Algériens depuis plusieurs années. C'est d'ailleurs l'argument de ceux qui sont favorables à l'ouverture dans un cadre concerté avec les puissances limitrophes ou lointaines. Ces importations constituent une menace réelle pour la production et un risque de fermeture des entreprises, selon les chefs d'entreprise. Près de 60% des marchandises transitant par la Zale ne comportent pas de mention du pays d'origine lors du dédouanement. Les exportations algériennes vers la Zale ont chuté de 49,44%, passant de 246,7 millions de dollars en 2008 à 124,7 millions de dollars en 2009. Les importations ont augmenté de 46,6% pour totaliser 1,6 milliard de dollars. Le manque à gagner en droits de douane résultant de l'octroi des avantages préférentiels aux marchandises des pays de la Zale est évalué à 10,4 milliards de DA. De nombreux pays ont établi des listes négatives. Le Maroc l'applique à 804 produits, l'Egypte à 709, la Syrie à 255, la Tunisie à 161, le Liban à 41 et la Jordanie à 35. L'Algérie a proposé la délivrance du certificat d'origine du produit exporté vers les pays de la Zale. Certains pays sont soupçonnés de réexporter vers l'Algérie des produits importés de pays asiatiques.