L'année 2008 a été une "annus horribilis" pour les banques. Malgré les efforts pour réguler la planète financière, devenue folle en 2008, le nuage des "subprimes" enveloppe tout le globe terrestre. La responsabilité des Etats-Unis dans le cataclysme étant évidente et l'administration Bush étant en bout de course, les regards sont désormais tournés vers Barack Obama. Pendant neuf mois, les gouvernements européens ont d'abord largement considéré que la crise financière, née aux Etats-Unis dans le secteur des prêts immobiliers, était une affaire américaine.Lorsque l'ouragan a gagné les banques du Vieux continent en septembre, après la faillite de la banque Lehmann Brothers, c'est en ordre dispersé que les pays ont d'abord réagi, sans se préoccuper des conséquences de leurs plans d'aide nationaux aux banques chez le voisin. La gravité de la situation a finalement imposé une solution coordonnée : 2 000 milliards d'euros environ sont mobilisés pour sauver le système. "Il ne faut pas faire preuve de triomphalisme, les Européens ont eu du mal à adopter une position commune", souligne Jean Pisani-Ferry, le directeur du Centre Bruegel, un centre de réflexion bruxellois sur les questions économiques. Certes, peu de résultats concrets en sont sortis, et l'ambition d'un nouveau "Bretton Woods", du nom des accords signés en 1944 pour remodeler complètement le système monétaire et financier mondial, a été abandonnée. Il reste que les grandes puissances entendent à présent travailler à une réforme pour les premiers mois de 2009, dans un contexte nouveau aux Etats-Unis: le démocrate Barack Obama, beaucoup plus enclin à réguler les marchés financiers que l'actuel locataire républicain de la Maison-Blanche, aura alors pris ses fonctions. La soudaine paralysie du système bancaire et financier, en septembre, s'est transformée en une crise économique mondiale qui n'épargne aucune région et dont personne ne peut encore prédire l'ampleur. Depuis octobre, les grandes entreprises de la planète suppriment des emplois par dizaines de milliers, tandis que les petites sont menacées par la faillite. Le chômage augmente à grande vitesse dans la plupart des pays. La récession est déjà là pour beaucoup. Les événements se sont enchaînés à une vitesse spectaculaire depuis le 15 septembre, jour où la banque américaine Lehman Brothers dépose son bilan. Alors que l'on s'interrogeait encore sur la profondeur de la crise des "subprimes", qui avait éclaté l'année précédente aux Etats-Unis, la chute de ce grand nom de Wall Street jette la suspicion sur tout le secteur bancaire et fait craindre des faillites en chaîne dans le monde. Tout d'un coup, les banques refusent de se prêter des fonds, ce qui entraîne un gel du crédit qui asphyxie l'économie. Les gouvernements des pays développés, les principales victimes de la crise, montent au créneau avec des plans de sauvetage colossaux (700 milliards de dollars aux Etats-Unis), allant jusqu'à nationaliser certaines banques, comme la franco-belge Dexia. Les pays du G7 s'engagent à ne laisser tomber en faillite aucune institution financière majeure, mais sans mettre un terme à la pire crise financière depuis 1929, comme le juge l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui prévoit des dérèglements financiers "jusqu'à fin 2009". L'économie n'a pas résisté longtemps à la crise de la finance. L'OCDE parle de la récession "la plus sévère depuis le début des années 80" et n'envisage pas d'embellie pour la plupart des pays avant "le second semestre 2010". Si les géants émergents comme la Chine ou l'Inde devraient éviter la récession, leur économie, qui atteignait des rythmes de croissance respectivement de 11% et 9% environ, va nettement ralentir, sonnant le glas de la théorie du "découplage". Les marchés en tirent les conséquences: chute des Bourses et un prix du pétrole divisé par trois. Les cours des autres matières premières dégringolent aussi devant la perspective d'un effondrement de la demande. Un peu partout dans le monde, les professionnels de l'immobilier s'attendent au pire. La spirale inflationniste qui a sévi dans le monde entre les étés 2007 et 2008 a fait place à une "désinflation" que de nombreux économistes craignent de voir se muer en "déflation". Les Banques centrales tentent de parer au pire en baissant énergiquement leurs taux d'intérêt sans parvenir à rassurer. La Réserve fédérale américaine, qui a déjà ramené son taux directeur à 1%, touche, pour sa part, aux limites de son action sur les taux.