L'Amérique de Barack Obama bouge de manière substantielle sur le dossier climatique et Washington est devenu soudain le premier centre d'intérêt des participants au sommet mondial de Copenhague. Alors que le locataire de la Maison-Blanche avait toutes les difficultés du monde à convaincre le Congrès d'entériner sa promesse, modeste au demeurant, de réduire de 17% les émanations de gaz à effet de serre d'ici à 2020, l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a volé à son secours. Au premier jour de l'ouverture de la conférence de Copenhague, lundi, cette agence a décrété que les gaz à effet serre, jugés responsables du réchauffement de la planète, constituent également un danger pour la santé publique, ce qui donne un argument de poids à Obama face à la représentation nationale et devrait lui permettre d'honorer ses engagements en la matière. Cette décision ouvre la voie pour la première fois à la régulation des rejets de gaz carbonique dans un pays qui n'a jamais ratifié le protocole de Kyoto et qui se place en tête des pays pollueurs. À ce titre, la décision de l'EPA est considérée comme historique. Sa directrice Lisa Jackson, qui a signé le décret mettant en cause six gaz à effet de serre, dont le gaz carbonique, a déclaré que son agence est “maintenant autorisée, et obligée, de faire des efforts raisonnables pour réduire les polluants à effet de serre”. Le décret de l'EPA devrait avoir un effet immédiat et les Etats-Unis vont pouvoir mettre en œuvre une première réglementation sur les émissions de dioxyde de carbone des camions légers. L'EPA donne ainsi un outil supplémentaire à Barack Obama et elle pourrait le pousser à édicter des règles nouvelles en matière de réduction de gaz à effet de serre, sans passer par le Congrès. Le Parlement américain est en effet très divisé sur la question, plusieurs élus étant originaires de régions productrices de charbon, énergie fossile très polluante et à la base de la production de la moitié de l'électricité des Etats-Unis. De fait, et en l'état actuel des choses, le projet de loi démocrate préconisant une réduction des émissions polluantes de 17% à l'horizon 2020 ne devrait être voté qu'au courant de l'année prochaine. L'intervention salutaire de l'EPA a permis au sénateur John Kerry, candidat malheureux face à George W. Bush en 2004 et principal rédacteur du projet de loi, de mettre les parlementaires devant leurs responsabilités. Il a estimé devant ses pairs que le message envoyé au Congrès est clair : s'il ne vote pas un texte sur le changement climatique, l'administration serait justement amenée à édicter de nouvelles réglementations en s'appuyant sur l'EPA. Au-delà du soutien aussi opportun qu'inespéré que lui a apporté l'Agence américaine de protection de l'environnement, Barack Obama pourrait bénéficier d'un autre appui, tout aussi important, sinon davantage. Il pourrait provenir d'une cellule spécialisée de la CIA, installée le mois de septembre dernier par l'administration américaine et chargée de plancher sur l'impact du réchauffement climatique sur la sécurité nationale. Comme cet impact est à peu près évident, ne serait-ce qu'à travers la montée du niveau des océans qui provoquerait l'immersion d'une partie de la ville de New York par exemple, les conclusions de ladite cellule ne pourront que bénéficier à une politique favorable à la lutte contre le bouleversement climatique. Les arguments de la santé publique et de la sécurité nationale sont en effet imparables, et Barack Obama aura toute latitude, s'il en a réellement la volonté, de voler au secours de la planète et d'entraîner derrière lui les autres nations polluantes.