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Les impayés dans l'immobilier aux Etats-Unis entraînent une tourmente planétaire
Et si la crise des subprimes ralentissait la locomotive américaine...
Publié dans El Watan le 04 - 09 - 2007

Les dégâts ne sont pas encore finis dans la crise des impayés de crédits hypothécaires américains. Comment l'immobilier américain menace par l'éclatement de sa bulle la conjoncture mondiale.... Avis croisés.Ameriquest Mortgage, qui était jusqu'en 2005 l'une des plus grandes sociétés américaines de crédit hypothécaire sans garantie, a mis les clés sous la porte cette semaine. C'est la dernière victime en date de la crise du "subprime" aux Etats-Unis.
Citigroup, premier groupe bancaire du pays, a fait en effet savoir vendredi soir qu'il acceptait de racheter la division titrisation de la maison mère d'Ameriquest, ACC Capital Holdings, pour un montant qui n'a pas été précisé. Citigroup avait pris une option en février pour racheter ces actifs. La bulle de l'immobilier américain dont est victime Ameriquest Mortgage a éclaté en 2006. Les conséquences ont finalement atteint les sociétés financières qui ont construit leur prospérité des années 2001-2006 sur la titrisation des crédits hypothécaires sans garanties les fameux "subprimes". Elles font face depuis la fin de l'année dernière à une montée des impayés des ménages américains qui se sont endettés beaucoup sur la base d'un prix de leur logement largement surcoté par la conjoncture. Début août la précarité des "titres subprimes" a fait dévissé les cotations américaines entraînant un "trou d'air" quasi planétaire des places boursières. Elie Cohen directeur de recherche au CNRS et membre du Conseil d'analyse économique (CAE) auprès du premier ministre français décrit ainsi ce qui s'est produit : La crise actuelle a donc démarré dans l'immobilier américain, puis elle s'est diffusée au marché du crédit "subprime", puis elle a contaminé les marchés financiers à risque, avant d'atteindre le marché monétaire avec la crise de liquidités qu'on a connue vendredi 10 août. C'est en fait une crise de la finance globale dérégulée". Plusieurs questions sont posés à l'amorce de la quatrième semaine de la crise. Est ce qu'une crise purement américaine ? Comment vont réagir les marchés dans les semaines qui viennent ? La croissance des Etats unis va t'elle beaucoup en pâtir ?
Le pire est-il vraiment passé ?
Les avis sont partagés entre optimistes et sceptiques quand à la capacité des pouvoirs publics américains à rétablir la confiance des investisseurs tout autant que celles des ménages qui ont, par leur propension à consommer, porté la croissance américaine de ces dernières années. La FED, la banque centrale américaine, a déjà surpris tout le monde en décidant au cinquième jour de la crise, d'une baisse de son taux d'escompte d'un demi point rompant brutalement avec une politique de resserrement du crédit depuis fin 2005.Le taux d'escompte est le taux auquel la Fed prête de l'argent aux banques commerciales, en général pour des besoins de liquidités à très court terme. Il est très rare qu'elle le modifie en dehors des réunions régulières du Comité de politique monétaire. Un geste très fort donc face à la raréfaction des liquidités, mais pas le seul. La FED a également injecté 10 milliards de dollars sur les marchés monétaire au même titre que la banque centrale européenne venue au secours des places boursières. Les cotations sont reparties à la hausse, mais dans un contexte mondial de suspicion et de nervosité des cours. Les investisseurs savent que la casse n'est pas finit. Malgré le zèle des banques centrales à éviter un ajustement brutal. Elie Cohen prévient des risques que fait peser l'absence de transparence sur les engagements risqués qu'ont pris les acteurs de la finance : "à partir de maintenant, il faut que tous les acteurs engagés dans ces produits risqués annoncent la hauteur de leurs engagements. Tant qu'on ne prendra pas la mesure de l'importance de ces engagements, il y aura des secousses et des répliques à la crise. Dans quelques semaines, le marché se reformera et les affaires reprendront comme auparavant. Il y aura des pertes, des faillites, puis les fonds actuellement fermés (par exemple ceux de la BNP fermés pour un mois) rouvriront et susciteront à nouveau des appétits". Une banque aussi importante que la Barclay's leader en Grande Bretagne a essuyé des pertes conséquences en s'engagent outre Atlantique dans des titrisations de mauvaises créances immobilières. Son offre pour la reprise de ABN Amro, la banque néerlandaise dont la cession tient en haleine l'Europe financière depuis deux ans, est déjà considérée comme plombée par les observateurs à Bruxelles. Bnp Paribas engagé en Algérie dans une opération similaire en étant en lice pour l'acquisition de 51% du crédit populaire algérien (CPA) a également souffert d'engagements sur les subprimes. Son PDG M Prot été obligé de rendre des comptes à Mme Lagarde ministre de l'économie après la suspension pour un mois de trois fonds adossés aux crédits hypothécaires. Mais BNP Paribas, qui vient d'annoncer son arrivée spectaculaire en Libye, a rassuré tous ses partenaires sur la poursuite, "tout à fait normale" de son développement à l'international de même que dans la diversifications de ses produits.
Le pronostic pessimiste du prix Nobel d'économie
La voix de Joseph Stigliz s'élève parmi la communauté des économistes pour ne pas minimiser les effets de la crise de l'immobilier américain. Le prix Nobel d'économie avait annoncé l'éclatement de la bulle de longue date, et prévenu de ses effets. Pour lui, l'économie américaine va connaître un ralentissement et l'économie mondiale s'en ressentira. " Les faits semblent finalement donner raison aux pessimistes qui prévoyaient de longue date une crise de l'économie américaine. Certes, il n'y a pas de quoi se réjouir de voir la Bourse s'effondrer à cause des nombreux non-remboursements des prêts immobiliers. C'était pourtant prévisible, de même que les conséquences probables pour les millions d'Américains qui vont être confrontés à des difficultés financières, ainsi que pour l'économie mondiale".Joseph Stigliz explique comment pendant les cinq années qui ont succédé à l'éclatement de la bulle de Internet en 2001, l'administration Bush a fait du dopage de la demande dans l'immobilier le plus gros moteur de soutien à la croissance aux Etats Unis. Elle a été activement aidé en cela par l'attitude de Alan Greenspan l'ancien président de la FED qui a poussé les ménages américains à recourir à l'utilisation massive des crédits à taux variables, dans un contexte ou l'on savait que la tendance baissière des taux d'intérêts allait bien se retourner un jour " Trop d'Américains n'ont pas prévu de marge de sécurité dans leur budget et les sociétés de crédit immobilier, motivées par les gains qu'elles espéraient retirer des nouveaux contrats, ne les ont pas encouragés dans ce sens. L'éclatement de la bulle immobilière était prévisible, mais ses conséquences le sont aussi : les nouvelles constructions sont à la baisse et les maisons en vente trouvent difficilement acquéreur. Selon certaines estimations, plus des deux tiers des créations d'emploi au cours des six dernières années étaient liées à l'immobilier, conséquence à la fois du regain d'activité dans la construction et des emprunts gagés sur le logement souscrits par les ménages pour entretenir leur frénésie de consommation". La crise de l'immobilier est peut être partie pour sonner la fin de la croissance mondiale forte des trois dernières années, car l'Amérique aura du mal à en être encore la locomotive en 2008.


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