L'année 2008 se boucle après un activisme culturel étalé dans tous les espaces du pays sans pour autant que quelque chose de visible ne demeure comme étant un des signes que l'art était passé par là. Quel a été l'événement majeur en matière de culture durant l'année 2008 ? Nous entendons bien sûr par événement majeur, la construction d'une " poésie" locale qui soit culturellement durable. L'an dernier et à la faveur de " Alger, capitale de la culture arabe", un rendez- vous conjoncturel qui avait un pactole dépassant le budget annuel du ministère de la culture, les anciennes galeries d'Alger situées à la rue Larbi Ben M'hidi, ont été transformées en un Musée d'Art Moderne (Le Mama). La rue populaire algéroise compte dorénavant parmi ses espaces artistiques, un nouvel espace qui permettra au moins aux flâneurs un accès démocratique aux créations de l'esprit. Malheureusement, les portes du MAMA n'étaient restées ouvertes que pendant six mois, en raison de sa rénovation incomplète dont les délais ne sont à ce jour pas encore connus. La ministre de la Culture, Khalida Toumi aurait dans le sillage du développement durable de la culture, lancé d'autres chantiers de rénovation au niveau de certains musées et autres architectures faisant partie du patrimoine matériel national, mais sans pour autant que ces derniers ne soient réceptionnés. La réouverture cette année de la salle Atlas, ex-Majestic de Bab El Oued après plus de cinq ans de fermeture, a laissé un arrière-goût amer dans la bouche de certains défenseurs acharné de la culture. Ces derniers avaient découvert avec dépit, une salle marbrée dont la façade casse toute l'harmonie de ce vieil Alger construit à la fois par les Ottomans et les Français. Chef-d'œuvre de mocheté urbanistique, la rénovation très coûteuse de l'Atlas aura transfiguré la rue populaire de Bab El Oued. Mais bon. Sur un plan de la création artistiques les centaines de chantiers lancés en 2007 à la faveur de " Alger capitale de la culture arabe", dont certains n'ont été finalisés qu'en 2008, n'ont pas beaucoup fait parler d'eux. L'opération de l'édition de 1001 livres qui a été reconduite sur décision du ministère de la Culture pour cette année, n'aura en aucun cas bouleversé le champ éditorial par un quelconque livre, si ce n'est la réédition plutôt applaudi, de la succulente "Mouquadima" d'Ibn Khaldoun. Idem pour le quatrième art, un domaine où l'on voit qu'il y a des productions qu'elles soient régionales ou centrales, mais sans pour autant que le public suive ou qu'une pièce émerge du lot au point qu'elle reste à l'affiche comme c'était le cas à l'âge d'or de notre théâtre, plusieurs semaines,voir plusieurs mois. Les arts plastiques qui ont connu selon les professionnels une production statique depuis plusieurs années, sont vus et appréciés durant des rendez-vous de kermesse, sans qu'il n'y ait là aussi une véritable réflexion sur le côté créatif, commercial, voire révolutionnaire de ce secteur dans lequel il reste beaucoup à faire. Sur le dossier du 7e art qui n'existe chez nous qu'à travers quelques films, il y a beaucoup à dire si l'on reprend les dizaines de projets lancés en 2007 toujours dans le cadre de " Alger, capitale de la culture arabe" et parmi lesquels n'a émergé que "Mascarades" de Lyes Salem -une coproduction algero-française- dont on ne peut plus compter les trophées glanés lors de festivals internationaux. Le seul et unique film d'ailleurs, qui aura permis de remettre sur les arènes du monde le nom de l'Algérie, une contrée qui n'a pas de cinéma -puisque pas de salles, pas d'écoles, pas de boites de production, pas de circuits de distribution etc…- mais quelques films dont la valeur artistique est toujours discutable. Sur le plan lyrique, les rendez-vous du genre ne manquent pas, parce que ces dernières années, pratiquement toutes les contrées du pays ont eu leur festival de musique. Une musique généralement ramassée du folklore ou du terroir, donc ne possédant en soi aucun génie particulier, puisque redite. Les chanteurs défilent sur les scènes, éditent un opus chargé comme ils disent "de traditions avec une touche moderne ". Sans plus. Le coté festif ou alors l'aspect direct qui caractérise les rendez-vous lyriques, qui ingurgitent beaucoup d'argent sans apport moral ou didactique pour la population, ne suffit pas pour faire d'un peuple une population valeureuse du point de vue éducationnel. Il s'agit d'abord de libérer les talents créatifs, leur donner des espaces d'expression pour qu'une nouvelle génération d'interprètes aux valeurs sûres, se crée. Une année s'en va, et la culture qui reste doit se chercher à la torche dans un vestibule très peu éclairé.