Les cours du pétrole continuaient à battre en retraite hier matin, sur un marché craignant que la reprise de la consommation d'hydrocarbures ne soit tardive et timide, après la rechute de la confiance américaine et les lourdes pertes des Bourses asiatiques. A 10H0 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre (devenu ce lundi la nouvelle référence, le contrat de septembre ayant expiré vendredi) perdait 1,71 dollar par rapport à la clôture de la veille, à 69,73 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE). A la même heure, le brut léger texan (WTI) pour la même échéance cédait 1,69 dollar à 65,82 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Vers 13H10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre s'échangeait à 66,20 dollars, en baisse de 1,31 dollar par rapport à son cours de clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques précédant la séance, il a touché 65,65 dollars. Par rapport à son niveau d'ouverture vendredi, le baril cumule une perte de quelque 4,50 dollars de part et d'autre de l'Atlantique. Il est tombé lundi matin jusqu'à 69,54 dollars à Londres et 65,65 dollars à New York. Amorcée après la publication d'un indicateur américain décevant (une rechute inattendue de l'indice de confiance des consommateurs américains mesuré par l'Université du Michigan en août), la liquidation des cours de l'or noir s'est encore accentuée lundi, après qu'une vague de pessimisme se fut abattue sur les marchés asiatiques. Hong Kong a perdu 3,62%, Shanghai 5,79% et Tokyo 3,10%. Ces nouveaux soubresauts des marchés d'actions faisaient craindre aux opérateurs du marché pétrolier que la reprise de la consommation d'or noir ne soit plus lente et incertaine qu'ils ne l'avaient anticipée. Tous les jours, les investisseurs réévaluent leur vision de cette profonde récession et de la reprise économique, et certains jours semblent meilleurs que d'autres de ce point de vue", a commenté Adam Sieminski, de la Deutsche Bank. "Vendredi et lundi semblent bien sombres". "La demande reste insuffisante, et les stocks (de produits pétroliers) abondants", a ajouté M. Sieminski. Si la plupart des observateurs s'attendent à une reprise de la consommation mondiale d'or noir en 2010, après deux ans de contraction, ce rebond devrait rester modeste. Et les réserves pétrolières se situent aux Etats-Unis à des niveaux historiques, ce qui pèse fortement sur les prix à New York. "Il y a tout juste une semaine, on célébrait la fin de la récession, et maintenant tout le monde semble courir aux abris", a estimé Phil Flynn, de PFG Best Research. La chute de la confiance du consommateur américain, ajoutée à la plus grosse faillite bancaire de l'année vendredi aux Etats-Unis, "nous ont rappelé que même si l'économie est en cours de guérison, il nous reste à affronter des problèmes de taille", a-t-il ajouté. Reflet des inquiétudes des investisseurs quant à la santé de l'économie mondiale, Wall Street se dirigeait vers une ouverture en forte baisse peu avant la cloche et les Bourses asiatiques et européennes accusaient de forts replis. Un mouvement de baisse exacerbé par la tendance du marché des devises: un dollar très nettement renforcé par ce regain de frilosité incitait les investisseurs à fuir le pétrole, devenant trop cher. Dans ce contexte, la faiblesse persistante de la consommation mondiale semblait revenir à l'attention des investisseurs, notamment sur le marché américain, où ils s'inquiètent du niveau trop élevé des stocks. La semaine dernière, le département américain de l'Energie (DoE) avait révélé une nouvelle hausse des stocks de brut, de 2,5 millions de barils, pour la troisième semaine d'affilée. Elles ont montré aussi que la demande de produits pétroliers restait en baisse de 3% aux Etats-Unis par rapport à la même période l'année dernière. "La hausse des prix a été dictée cette dernière semaine par des facteurs financiers et elle ne se fondait pas sur l'offre et la demande", et de ce fait "la correction des prix devrait continuer", estime ainsi Eugen Weinberg, analyste chez Deutsche Bank. "Les données faibles du DoE semblent avoir été régulièrement ignorées ces derniers mois, tandis que les besoins croissants en brut de la Chine étaient exagérément pris en compte", martèlent les analystes du cabinet JBC Energy, à Vienne. Selon l'Agence internationale de l'énergie, qui a publié son rapport mensuel la semaine dernière, la consommation mondiale devrait chuter de 2,7% cette année par rapport à 2008.