Un couvre-feu total est imposé vendredi dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Baghdad, par crainte d'une attaque, cinq jours après des combats avec une secte armée chiite, tandis que Hilla panse ses plaies après la mort de 73 personnes dans un attentat suicide. Par ailleurs, l'armée américaine a indiqué qu'elle enquêtait sur le crash possible d'un hélicoptère, à la suite d'informations de l'armée irakienne selon lesquelles un appareil s'est écrasé dans la région de Taji, au nord de Baghdad. Cinq jours après de violents combats entre une secte chiite et des forces irakiennes et américaines, les autorités de la province de Najaf ont imposé un couvre-feu "jusqu'à nouvel ordre" dans la ville sainte chiite, située à 160 km au sud de Baghdad, et dans ses environs immédiats. "Les autorités ont pris cette décision après avoir reçu des informations selon lesquelles des membres de la secte entendaient exploiter la prière hebdomadaire du vendredi pour lancer des attaques sur la ville", a expliqué un porte-parole de la province de Najaf, Ahmad Douaïbel. "La police a dressé des barrages avec pour instruction d'interdire l'entrée et la sortie de la ville, y compris aux habitants", a précisé pour sa part la police de la ville, qui abrite le mausolée de l'imam Ali, la figure la plus révérée de l'islam chiite. La vieille ville, qui abrite les sièges des plus hautes autorités religieuses chiites, notamment les bureaux et la résidence du grand ayatollah Ali Sistani, a été totalement bouclée et personne n'est autorisée à s'y rendre. Les commerces qui, d'habitude, sont ouverts avant la prière du vendredi, ont tous fermés. Il n'était pas possible de se déplacer entre les quartiers, en raison des mesures de sécurité draconiennes prises par la police. Plus de 200 membres de la secte messianique ont été tués, autant ont été blessés et près de 600 arrêtés à l'issue des affrontements qui ont duré toute la journée de dimanche, à 20 km au nord de Najaf, selon un bilan du gouvernement irakien. Au moins six membres des forces de sécurité irakiennes ont péri dans les combats, ainsi que deux soldats américains, tués dans la chute d'un hélicoptère appuyant les troupes au sol. A Hilla, des dizaines de familles se pressaient vendredi matin devant l'entrée des urgences pour avoir des nouvelles de leurs proches, tandis que des jeunes gens attendaient pour donner leur sang. Deux terroristes se sont fait exploser jeudi vers 18H00 (15H00 GMT) sur un marché populaire du centre de la ville, faisant 73 morts et 163 blessés, selon un dernier bilan de source hospitalière. "Vingt-cinq blessés sont dans un état grave", a précisé Mohammed Dhia, le directeur de l'hôpital public de la ville située à 120 km au sud de Baghdad. Aux Etats-Unis, la menace d'un désaveu sans précédent du président Bush par le Sénat américain se précise, avec l'union de sénateurs républicains et démocrates spécialistes des questions de défense pour faire adopter un texte condamnant sa stratégie en Irak. "C'est vraiment l'occasion pour que le Sénat s'exprime clairement", a expliqué jeudi le président démocrate de la commission des Affaires étrangères Joseph Biden, rappelant qu'il s'agit d'exprimer un message simple au président George W. Bush: "n'envoyez pas plus de soldats américains au milieu d'une guerre civile!" Le compromis annoncé la veille par le président démocrate de la commission des Forces armées Carl Levin et le très respecté John Warner, son prédécesseur républicain, semble ouvrir la voie à l'adoption la semaine prochaine d'un projet de résolution non contraignant exprimant le rejet du déploiement de 21.500 soldats supplémentaires en Irak.