L'Ukraine refusait toujours hier de laisser transiter par son territoire le gaz russe destiné à l'Union européenne. Une lueur d'espoir était pourtant apparue mardi pour les millions de consommateurs européens privés de chauffage, de lumière ou même de travail depuis l'arrêt des livraisons le 7 janvier, avec l'annonce par la Russie de la reprise de ses livraisons de gaz à l'Europe. Une reprise aussitôt bloquée par l'Ukraine. L'entreprise publique ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz a, en effet, admis bloquer le transit gazier qui devait reprendre mardi matin, mais a expliqué sa position par le fait que Gazprom avait posé des "conditions de transit inacceptables". Selon Kiev, la Russie a voulu introduire le gaz dans un gazoduc qui n'est pas prévu pour l'exportation, mais pour la consommation intérieure, des accusations immédiatement rejetées par Gazprom. Si l'Ukraine s'était servie de ce gazoduc pour l'exportation, "nous aurions été obligés de laisser sans gaz les régions d'Odessa, de Lougansk, de Donetsk et de Dnipropetrovsk" dans le sud et l'est ukrainiens, a déclaré le patron de Naftogaz, Oleg Doubina. Des accusations immédiatement rejetées par Gazprom. L'Ukraine refuse de laisser transiter par son territoire le gaz russe destiné aux Balkans, à la Moldavie et à la Slovaquie, a souligné la compagnie russe. A Bruxelles, la Commission européenne a fermement dénoncé cette nouvelle exacerbation de la guerre gazière, qui intervient en dépit des efforts intenses fournis par les Européens pour régler le conflit. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a menacé la Russie et l'Ukraine d'actions en justice des compagnies gazières européennes si les livraisons de gaz à l'UE n'étaient pas rétablies de manière "urgente". "Je veux envoyer un message clair à Moscou et à Kiev", a-t-il déclaré au Parlement européen à Strasbourg. "Si l'accord avec l'UE n'est pas honoré de manière urgente, la Commission européenne conseillera aux compagnies européennes de porter l'affaire en justice et appellera les Etats membres à prendre une action concertée pour trouver des moyens alternatifs d'approvisionnement énergétique et de transit", a-t-il ajouté. L'Europe est pressée de voir reprendre les livraisons de gaz via l'Ukraine car leur arrêt a déjà provoqué des dégâts économiques "très importants", d'après la Commission européenne. De plus, un délai de trois jours sera nécessaire pour acheminer le gaz vers les pays clients une fois le robinet rouvert. Plusieurs pays d'Europe centrale et balkanique sont particulièrement touchés par le conflit alors que sévit justement une vague de froid. Y B.