De sérieuses menaces d'invasion de criquets pèlerin pèsent sur l'ensemble des pays sahéliens et le Maghreb.Il y une semaine, la Mauritanie a prévenu que les criquets pèlerins ont infesté quelques 40.000 hectares dans le nord de ce pays. La lutte contre cet insecte ravageur est en cours sur le terrain, mais le Maroc et l'Algérie sont les premiers à être menacés. Selon le dernier bulletin sur le criquet pèlerin du Centre d'intervention antiacridien d'urgence dépendant de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), " une reproduction à petite échelle a continué dans le nord-ouest de la Mauritanie " au cours du mois de novembre et décembre. Bien que ces petits groupes de criquets ont été traités, la menace ne s'est pas envolée pour autant. Le risque d'une infestation en Algérie est donc omniprésent. Cet insecte qui ne fait pas plus de 2 grammes de poids hante les esprits des agriculteurs. Il trouve dans les bonnes situations météorologiques l'occasion de se multiplier. Et une fois que le nombre de criquets atteint un seuil critique, ces ailés solitaires deviennent grégaires, changent de couleurs et constitution des essaims migrateurs, capables de traverser continents et océans et de dévaster des régions entières. C'est en septembre 2003 que tout a commencé. Neuf pays d'Afrique ont été touchés, dont l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie. A la fin de l'invasion en juillet 2004, 65.000 km2 de cultures et de pâturages avaient été grignotés ! C'est que cet insecte a un appétit vorace. Il est capable d'absorber chaque jour son équivalent en poids ! Pour les vols migratoires, il faut bien accumuler des réserves. La lutte antiacridienne à travers l"utilisation d'insecticides pose cependant problème. quand elle n'est pas dépassée par la rapidité du cycle reproducteur du criquet pèlerin. Les femelles sont très prolifiques, et en quelques mois, soit trois ou quatre générations, un essaim peut multiplier ses effectifs par dix mille, voire un million. Des mouches, des guêpes et des coléoptères s'attaquent aux œufs, des araignées à ses larves. Mais ces prédateurs sont beaucoup moins prolifique et ne peuvent non plus pourchasser les essaims dans leurs migrations. Les micro-organismes sont également un système de lutte envisagés. La substance provenant de bactéries, la bactospéine PM est très efficace contre les chenilles et les papillons. Mais elle est éliminée par le système digestif des acridiens. Aux Etats-Unis, on pulvérise des nozemas, protozoaires parasites habituels des criquets. Efficace sur les sédentaires, la méthode semble inopérante sur les migrateurs. Plus prometteuse semble la production par synthèse de toxines de champignons. Le principal moyen de lutte est donc la lutte chimique. L'expérience a montré qu'arroser chimiquement les nuages d'insectes volants est inefficace: les doses mortelles mettraient en péril tous les êtres vivants de la contrée. Le traitement retenu se pratique le matin, juste avant l'envol. Pour empêcher les oeufs d'éclore, il est parfois recommandé de labourer le sol à grande profondeur. Mais, le plus souvent, le relief et les moyens d'accès l'interdisent. Soutenus par les écologistes, les pyréthrinoïdes sont des molécules de synthèse copiées sur les toxines naturelles du pyrèthre, un végétal qui pousse en afrique. Efficaces, mais peu rémanents ces produits exigent des pulvérisations fréquentes et coûteuses. La plus heureuse surprise est venue avec les dérégulateurs de croissance comme le téflubenzuron. Répandue sur les larves, avant la poussée des ailes définitives, cette sorte d'hormone empêche le raidissement du nouveau squelette de chitine lors de la dernière mue. Ne pouvant s'extraire de leur tégument précédent, 99 à 100% des insectes meurent avant d'avoir pu s'envoler. Dalila B.