“Il faut être extrêmement prudent et lancer un cri d'alarme avant que la situation ne dégénère”. C'est ce qu'a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de coordination humanitaire des Nations unies (OCHA) devant l'avancée des essaims de criquets de la Mauritanie vers le nord. En effet, le Maroc, particulièrement le sud, est actuellement sous la menace sérieuse d'une invasion de criquets pèlerins venant de l'ouest de la Mauritanie. Ce n'est certes pas l'alerte générale, mais ses prémisses commencent à pointer à l'horizon. Ce constat a été confirmé par le Bureau de coordination humanitaire des Nations unies (OCHA) qui a souligné qu'une grave infestation de criquets pèlerins a commencé récemment en Mauritanie et que leurs larves se regroupent de façon inquiétante depuis le mois de juillet à l'ouest du pays, autour de Nouakchott. Devant l'invasion de criquets pèlerins qui pourrait s'étendre au reste de la région en cas de fortes pluies, Elisabeth Byrs, a appelé à davantage de prudence, en lançant un cri d'alarme avant que la situation n'empire. Elle a qualifié la situation de dangereuse au sud du Maroc qui commence à être contaminé par ces insectes ravageurs. Dangereuse également dans la mesure où " le mouvement de ces acridiens va se poursuivre au cours des deux prochaines semaines profitant des conditions agro-écologiques actuelles”. A rappeler en effet que quasiment toutes les régions de Mauritanie sont infestées par des criquets, à tous les stades d'évolution, dont certaines populations sont en phase de regroupement, a annoncé la semaine dernière le centre national de lutte antiacridienne (CNLA) à Nouakchott. "Des populations acridiennes sont dispersées sur presque l'ensemble du pays. Ces populations sont en début de regroupement notamment aux environs de Nouakchott et au Trarza" (région du sud-ouest comprenant Nouakchott), affirme cette structure étatique spécialisée dans la lutte contre le criquet pèlerin. Les densités varient, suivant les régions, de quelques individus dispersés à 1.900 insectes voraces par hectare, souligne le CNLA, dans un communiqué publié sur son site internet. La situation écologique demeure favorable au développement des criquets, la pluviométrie ayant dépassé les normales saisonnières dans toutes les régions durant cet hivernage. Selon les responsables du centre de lutte, des équipes de traitements ont été déployées dans toutes les zones infestées, notamment dans le nord de ce vaste pays ouest-africain, aux trois quarts désertique. Par ailleurs, l'ONU a exprimé son inquiétude à l'égard de cette situation qui se justifie, selon Elisabeth Byrs, par les conditions météorologiques qui sont favorables au développement de ces acridiens notamment le vent et une hausse des températures. Ce qui donne lieu à d'importants regroupements de criquets dans les zones de végétation entre les dunes. Pour l'OCHA, tous les efforts doivent être entrepris pour surveiller et contrôler ce fléau qui a déjà causé d'énormes dégâts en 2004 dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Pour l'instant, près de 1.300 hectares ont été traités en Mauritanie avec des insecticides, selon les données de l'ONU, a-t-elle conclu. Par ailleurs, l'Algérie n'est pas à l'abri d'une infestation. Le dispositif de veille vient d'ête réactivé pour faire face à d'éventuelles invasions. Dalila B.