Attention, les criquets pèlerins sont de retour ! L'Alerte a été donnée en Mauritanie. Les criquets pèlerins ont infesté quelques 40.000 hectares dans le nord du pays. La lutte contre cet insecte ravageur est en cours sur le terrain, Le Maroc et l'Algérie aussi sont menacés. Selon le dernier bulletin sur le criquet pèlerin du Centre d'intervention antiacridien d'urgence dépendant de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), " une reproduction à petite échelle a continué dans le nord-ouest de la Mauritanie " au cours du mois de novembre. Bien que ces petits groupes de criquets ont été traités, la menace ne s'est pas envolée pour autant. " Une reproduction locale a eu lieu dans les zones du Sahara ayant reçu de fortes pluies en septembre, et quelques ailés ont été observés au Maroc " précise le centre spécialisé de la FAO. Décidément, à chaque fois que les conditions pluviométriques sont favorables, il n'y a pas que les moissons qui promettent d'être bonnes. Le criquet pèlerin, promet à son tour d'être au rendez vous pour transformer la joie des fellahs en désespoir. Cet insecte qui ne fait pas plus de 2 grammes de poids, pour une taille de 7 cm pour les mâles 9 cm pour les femelles, trouve aussi dans les bonnes situations météorologiques l'occasion de se multiplier. Et une fois que le nombre de criquets atteint un seuil critique, ces ailés solitaires deviennent grégaires, changent de couleurs et constitution des essaims migrateurs, capables de traverser continents et océans et de dévaster des régions entières. C'est en septembre 2003 que tout a commencé. Neuf pays d'Afrique ont été touchés, dont l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie. A la fin de l'invasion en juillet 2004, 65.000 km2 de cultures et de pâturages avaient été grignotés ! C'est que cet insecte a un appétit vorace. Il est capable d'absorber chaque jour son équivalent en poids ! Pour les vols migratoires, il faut bien accumuler des réserves.. D'autre part, tout un personnel spécialisé dans cette lutte, de la Gendarmerie nationale du coté algérien et Royale du coté marocain , de l'Armée de terre, des départements de l'Agriculture et de la Santé publique, des autorités locales et des services de la météorologie est resté sur le pied de guerre pendant toute la durée de l'invasion acridienne. Plus de 40 avions, dont deux gros porteurs et des hélicoptères ont été assignés à cette " guerre ". L'Algérie comme son voisin marocain d'ailleurs y ont gagné une expérience qui leur sera bien utile à présent. A l'échelle des neufs pays d'Afrique qui ont été alors infestés, les dégâts ont été évalués par des experts à 200 millions d'euros. Ce qui fait que dès que la Mauritanie a donné l'alerte la semaine dernière, " une cellule de veille chargée de suivre en temps réel la situation tant à l'échelle nationale que régionale a été mise en place ", indique un communiqué du Poste de coordination central de lutte antiacridienne (PCCLA) situé à Rabat.Pour l'Algérie, le ministère de l'Agriculture et du développement rural a déjà diffusé un communiqué de presse dans lequel il a notifié que " l'Algérie n'est pas menacée pour le moment " . Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'elle ne le sera pas dans un futur proche. D'après la FAO, si la situation a été calme en novembre de cette année, les précipitations pluviométriques enregistrées auparavant et la chaleur actuelle au nord-est de la Mauritanie, au sud de l'Algérie, aux frontières avec le Mali, et dans le nord du Niger, ont facilité les reproductions à petite échelle. Des ailés solitaires ont également été observés au nord-est du Tchad. Cette situation pourrait persister, avec une poursuite de constitution de bandes larvaires et d'essaims en Mauritanie et une extension des zones de reproduction vers les frontières maroco-mauritaniennes et maroco-algériennes et dans l'ouest de ce dernier pays. Mais il n'est question que d'une augmentation limitée des effectifs acridiens. En fait, les experts de la FAO semblent croire que l'invasion actuelle n'aurait pas la même ampleur que celle de l'année 2003, le nombre d'ailés solitaires pouvant se reproduire étant moindre cette année. La FAO insiste néanmoins sur la nécessité de rester sur les gardes.