Le président élu américain Barack Obama, qui prête serment, aujourd'hui, suscite dans le monde de grandes attentes de changement avec les politiques de son prédécesseur George W. Bush sur Guantanamo, l'Irak, la lutte contre le changement climatique. La communauté internationale attend avec impatience l'implication du 44e président des Etats-Unis, allié traditionnel d'Israël, dans le conflit qui se poursuit à Gaza. M. Obama a assuré la semaine dernière qu'il s'engagerait sur la situation à Gaza "immédiatement" après son investiture le 20 janvier. "La première et la plus immédiate" préoccupation de M. Obama en politique étrangère doit être le Moyen-Orient, a déclaré cette semaine le Premier ministre britannique Gordon Brown. Au Moyen-Orient, on s'attend à ce que le nouveau président adopte une approche très différente de son prédécesseur, dont le mandat restera marqué par une invasion de l'Irak désastreuse pour l'image des Etats-Unis dans le monde arabe. Sa future secrétaire d'Etat Hillary Clinton a indiqué qu'elle chercherait une approche diplomatique vis-à-vis de la Syrie et de l'Iran, confirmant une promesse électorale du candidat démocrate d'ouvrir un dialogue avec l'Iran. "Nous voudrions bien contribuer à stabiliser la région (du Proche-Orient). Mais nous devons être impliqués et ne plus être isolés comme (nous l'étions) jusqu'à présent", a dit le président syrien Bachar al-Assad dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dit jeudi que son pays attendait un "changement de comportement" des Etats-Unis, notamment qu'ils "cessent leurs ingérences dans les affaires des autres pays", pour que les relations bilatérales s'améliorent. Une des premières décisions de M. Obama, selon ses collaborateurs, sera d'ordonner la fermeture du centre de détention américain de Guantanamo, sur l'île de Cuba, symbole des excès de la lutte antiterroriste de son prédécesseur. En Irak, le Pentagone prépare déjà des plans pour le retrait accéléré des forces américaines, promis par le candidat démocrate pendant sa campagne. L'effort se portera alors sur la guerre en Afghanistan, principal front de M. Obama dans la lutte contre le terrorisme, où il prévoit de déployer 30.000 hommes supplémentaires sur dix-huit mois. "Nous espérons voir un changement radical dans la manière dont nous menons la guerre contre le terrorisme", a déclaré Homayun Hamidzada, porte-parole du président afghan Hamid Karzai, ajoutant que "la solution (au problème afghan) est une approche régionale". En Afghanistan comme en Inde, les dirigeants accusent le Pakistan d'abriter les groupes extrémistes auteurs d'attaques sur leurs territoires, comme celles de Bombay en novembre. "L'Inde regardera comment l'administration d'Obama répond au Pakistan et quelle pression elle exerce sur ce pays pour (qu'il mette fin au) terrorisme", estime Lalit Mansingh, ancien ambassadeur d'Inde à Washington. La nouvelle administration héritera de relations particulièrement tendues avec la Russie, qui ont même rappelé l'époque de la guerre froide au moment du conflit en Géorgie en août dernier. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a qualifié samedi M. Obama d'homme "sincère et ouvert" qui a lancé des "signaux positifs" vers Moscou, tout en ajoutant que l'Europe ne devrait pas trop en attendre. Le sommet de l'Otan en avril aura valeur de test alors que Moscou est fermement opposé à la poursuite de l'élargissement de l'Alliance à ses frontières, prôné par M. Bush. L'engagement de M. Obama contre le changement climatique, après l'inertie de son prédécesseur, est également attendu partout dans le monde. Mais cette priorité est aujourd'hui menacée par une autre urgence: la crise économique. Le sommet des pays avancés et émergents du G20 en avril à Londres, suscite de fortes attentes concernant notamment l'établissement de nouvelles règles pour régir la finance internationale. La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi déclaré avoir "de grandes attentes concernant le nouveau président américain Barack Obama dans la mise en place d'une nouvelle architecture financière". Mais elle a aussi averti les Etats-Unis qu'il y aurait de "sérieuses discussions" s'ils s'avisaient de soutenir à long terme leur industrie automobile. "Nous ne pouvons pas regarder pendant des années l'industrie automobile américaine être maintenue en vie avec des milliards de dollars d'aides publiques alors qu'il en découle des inconvénients pour la compétitivité en Allemagne", a déclaré la dirigeante chrétienne-démocrate. R.N