La crise financière mondiale et ses éventuelles retombées sur l'économie nationale ne cesse d'alimenter un débat perpétuel et les pronostics se multiplient davantage. Ces derniers sont tantôt optimistes lorsqu'ils émanent des cercles de réflexions continuant à alimenter la conviction que la crise financière internationale actuelle n'aura pas de retombées sur l'économie nationale, et tantôt pessimistes lorsque ces réflexions tentent de tirer la sonnette d'alarme sur l'apparition des signes de cette crise à moyen terme. Dans cette cascade d'idées aussi contradictoires que critiques, l'ancien ministre des finances, Abdelatif Benachenhou, a relancé le débat à travers une lecture publiée par certains titres de la presse national sur l'opportunités de l'Algérie et points faibles de l'économie nationale à l'ombre de la crise mondiale qui ne fait qu'étendre son spectre à travers le monde. Intitulée " Keynes est mort ", l'analyse en question met en évidence, de prime abord, le fait que les puissances occidentales, dans la perspective d'endiguer la crise actuelle optent pour des politiques d'encouragement de la consommation et de la demande locale, et ce sans déroger au légendaire principe keynésien. En revanche, en Algérie, estime l'ancien ministre, le gouvernement s'est inscrit dans une vision à sens inverse, puisque c'est l'offre qui est encouragée. Les " politiques (dans les pays occidentaux, ndlr), de soutien de la demande locale d'investissement et de consommation veulent remplacer une demande extérieure languissante. Mais ces politiques peuvent évidemment toutes compter sur une offre locale disponible et efficace, comme le supposait Keynes. Le cas de l'Algérie est évidemment différent : pour elle, la politique de sortie de crise ne peut pas être une politique de la demande, mais une politique de l'offre ; pour l'Algérie, Keynes est bien mort ", est-il souligné. En évoquant ce sujet, l'économiste algérien n'a pas manqué de revenir avec une lecture comparative entre la conjoncture actuelle (2008-2009) et la crise financière que le pays a vécue durant la période 1985-1987. " Le cumul de l'effet pétrole et de l'effet dollar représente entre le premier trimestre 1985 et le creux conjoncturel de la mi-1991, une baisse des recettes en devises de près de 80%. L'Algérie est touchée au cœur. Les niveaux de la dette extérieure et des réserves extérieures sont différents aux deux dates. En 1986, la dette extérieure était de 17 milliards de dollars. Le stock de la dette est passé de 17 à 25,8 milliards de dollars entre 1985 et 1987. Le service de la dette absorbait 35 % des recettes d'exportation en 1985, 54,3% en 1986 et 78,2% en 1988 ". Si la situation fut jugée " intenable " à cette époque, ce n'est pas le cas dans la conjoncture actuelle, estime encore M. Benachenhou qui soulignera que " la dette extérieure n'est plus que de 4,9 milliards de dollars fin 2007 et représente moins de 4% du PIB. Les réserves extérieures qui étaient de deux milliards de dollars en 1986 se sont élevées à 147 milliards de dollars fin 2008 et représentent plus de cinq années d'importations au rythme de 2007. La position financière extérieure du pays est forte et le met à l'abri de tout risque d'insolvabilité analogue à celui qui prévalait en 1986 ". La situation n'est pas aussi catastrophique telle qu'elle se présente, mais, l'analyste n'est pas moins certain que l'asphyxie qui guette l'économie mondiale aura ses effets, directs ou indirects, sur l'économie nationale. M. Amani