La crise financière qui secoue depuis des semaines les places boursières mondiales continue d'alimenter le débat. Le degré d'exposition de l'Algérie à ce krach est ainsi propulsé aux devants de la scène, entre ceux qui affichent une attitude plutôt alarmiste et pronostiquent de graves incidences sur l'économie nationale et ceux, plutôt optimistes, réfutent tout idée de retombées de la crise mondiale actuelle sur le marché national de la finance. Certains analystes continuent en tout cas à mettre en avant des appréhensions quant aux capacités de l'Algérie d'éviter les conséquences de cette crise indéfiniment. C'est le cas de Mourad Benachenhou qui appréhende beaucoup plus les 50 milliards de réserves de change que l'Algérie a placé en bons de Trésor sur le marché américain. "La valeur nominale en capital (de ces placements, ndlr) ne change pas, puisque, contrairement aux obligations du Trésor détenues par les particuliers, celles souscrites par les autorités monétaires étrangères, ne sont pas susceptibles de varier en prix suivant l'évolution des taux d'intérêts sur les dépôts en dollar", a-t-il défendu. De son côté, le gouverneur de la Banque d'Algérie a mis en avant, il y a quelques jours, des arguments multiples pour tenter de convaincre sur l'éloignement de tout risque sur les avoirs de l'Algérie à l'étranger. Il a évoqué, entre autres, l'option de placements sécurisés qui a été choisie pour les capitaux investis en bons de Trésor, malgré que leur rémunération n'est que de 2% du capital initial. Il y a également la diversification des monnaies de placement, avec des devises autres que le dollar américain qui est également un facteur de sécurité important. L'autre atout, qu'il faut surtout mettre en évidence, est le refus des autorités monétaires du pays d'investir dans les fonds souverains. Ces derniers étant connus pour la faiblesse de la marge de sécurité. Battant en brèche les arguments du gouverneur de la Banque d'Algérie, l'analyse qui a été faite par Mourad Benachenhou met en avant l'aggravation de la vulnérabilité de l'Algérie due essentiellement à la dépréciation du taux de change du dollar face à la devise européenne. A cet égard, il fera ressortir que "le pouvoir d'achat de ce capital évolue avec le taux de change du dollar comme avec le taux d'inflation international ; et le gouvernement américain ne donne aucune garantie quant au maintien de sommes qui sont mises à sa disposition par les Banques centrales étrangères. Un milliard de dollars d'obligations du Trésor contracté en janvier 2008 a, en fin d'année, un pouvoir d'achat de neuf cent soixante millions de dollars si le taux d'inflation international a été de 4% au cours de cette année. Pour que le pouvoir d'achat initial soit maintenu, il faudrait que le taux d'intérêt produit par le placement soit au moins égal à 4% et pour que le rendement du placement soit positif, il doit dépasser les 4% par an. Or, du fait de la politique de faible taux d'escompte menée par le FED, les placements en obligations du Trésor se font à perte ".