Depuis quelques années, l'agriculture et le développement rural sont un élément crucial de l'action socio-économique du gouvernement et de la société algérienne. Plus de 13 millions de la population algérienne vivent dans les zones rurales. L'espace rural s'étend sur 90 % de la superficie totale du pays rendant l'agriculture comme la principale source de revenu de la majorité de la population rurale. Fidèle aux objectifs fondamentaux convenus sur le plan international pour l'agriculture et le développement rural, l'Algérie a, dans ce contexte, mis en place une stratégie de développement de son agriculture associée directement à la promotion socio-économique du monde rural. Les zones rurales bénéficient d'une richesse incontestable en raison de leur patrimoine naturel (ressources naturelles, faune, flore, paysages), de leur patrimoine culturel (savoir, coutumes, tradition, organisation sociale, musique, artisanat) et de leur patrimoine (ksour, monuments, architecture locale etc.). Dans cet esprit, la politique de renouveau rural mise en œuvre vise un seul objectif, celui de mettre fin au déclin du secteur agricole dans un cadre général présentant les principaux axes d'intervention prioritaires pour restaurer la croissance agricole, le développement rural et la sécurité alimentaire en Algérie. Par essence, il s'agit de préserver mais aussi de prendre un avantage pour plus de possibilités de ces atouts, en particulier au profit des populations rurales. Le principal défi mis en avant par les pouvoirs publics consiste à " freiner " ou tout au moins " ralentir " l'exode rural en mettant en place des infrastructures socio-économiques adéquates (routes, électricité, assainissement) et services de support fonctionnels (santé, éducation et vulgarisation agricole). La finalité est de promouvoir le développement d'activités agricoles et hors agriculture rentables de manière à ce que les populations puisement bénéficier de revenus leur permettant des conditions de vie acceptables. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa explique que les lignes directrices du programme d'investissement reposent sur quatre grands axes de la stratégie de développement rural du gouvernement à savoir l'établissement d'un partenariat local et d'une intégration multisectorielle au sein des territoires, un appui à la mise en œuvre d'activités économiques innovantes, la valorisation équilibrée et la gestion durable des ressources naturelles, et la promotion d'une synergie économique et sociale au travers d'une coordination efficace des actions. Plus spécifiquement dans le secteur agricole proprement dit, le programme d'investissement tracé tend à la recherche de la valorisation et à la diversification des productions en termes économiques plutôt que techniques, l'élimination des contraintes et blocages en ce qui concerne le système foncier. Ainsi, les investissements sont aujourd'hui adaptés à chaque situation rencontrée. Dans les zones rurales où il existe déjà une activité agricole importante et ouverte sur l'approvisionnement, la recherche d'innovations s'intéresse à de nouveaux créneaux commerciaux complémentaires de ceux existants, au renforcement des capacités de production actuelles en jouant sur la quantité mais aussi en valorisant la qualité, en améliorant l'organisation économique des filières elles-mêmes pour diminuer les coûts de mise sur le marché ou se rapprocher des pôles de consommation. Il est également préconisé dans les zones similaires mais ayant peu exploité traditionnellement leurs potentialités, la recherche impérative d'innovations dans l'accompagnement technique des producteurs pour qu'ils puissent augmenter production et atteindre une masse commerciale ou justifiant une transformation artisanale sur place mais surtout, trouver des facilitations nouvelles, incitant les producteurs à travailler ensemble et découvrir les potentialités que constituent l'ouverture sur les marchés. Dans les zones en décroissance, les efforts d'innovations sont entrepris justement pour récupérer les richesses oubliées (secteurs d'activités et de réserves patrimoniales), en s'intéressant au passé et aux adaptations qui pourraient être entreprises dans le contexte économique et social, actuel et futur). Selon les directives et les orientations de M. Rachid Benaissa, les innovations partiront d'un point d'ancrage fort (un paysage, un savoir-faire oublié) et s'intéresseront aux activités gravitant autour (tourisme, produits locaux, artisanat, etc.) Ainsi, dans les zones marginales, l'innovation pourra chercher à donner les impulsions, à rechercher les actions à valeur démonstrative ainsi que les propositions pouvant être attractives et attirer des initiatives extérieures à la zone elle-même. Le prolongement de cette stratégie pourrait aujourd'hui s'expliquer par le lancement des contrats de performance au niveau de chaque wilaya. Ils ont été élaborés après un cycle d'études et d'analyses propre à chaque région du pays et entamé durant six années consécutives par le ministère de l'Agriculture. Ce travail a permis de fixer les objectifs pour chaque région pour le prochain plan quinquennal 2009/2014. Ces contrats de performance avec l'ensemble des wilayas du pays qui s'engagent à développer leur production agricole proportionnellement aux moyens mis à leur disposition visent plus singulièrement à améliorer la performance des collectivités locales dans le secteur agricole. Cette initiative met à contribution les communes et les daïras dans le développement du secteur de l'agriculture et du développement rural à travers la réalisation et l'intensification des projets de proximité et la levée de tous les obstacles rencontrés. B. Chellali