Le marché mondial du pétrole continue d'alimenter la chronique internationale et faire l'objet de spéculations au plus haut niveau. En effet, Si le prix du pétrole a beaucoup baissé depuis les sommets atteints au milieu de 2008, les pays producteurs disposent encore d'excédents considérables à investir. Le flot des pétrodollars a amélioré les perspectives économiques des six pays producteurs du Golfe, mais aussi des nations arabes voisines. L'enrichissement et la recherche de rendements supérieurs ont conduit les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à diversifier leurs investissements géographiquement et sur le plan de la nature des actifs. Les Etats de cet ensemble régional, à savoir l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, ont une vision plus stratégique du placement des recettes pétrolières. Ils ont tiré les leçons des douloureuses expériences des cycles cauchemardesques vécus durant les décennies 1970 et 1980. Toutefois, les restrictions aux investissements que les Etats-Unis ont imposées après les attaques terroristes de septembre 2001 les ont incités à placer une partie de leurs excédents dans la région. Au lieu d'investir dans des bons du Trésor américain ou dans des comptes en eurodollars dans les banques multinationales, les producteurs de pétrole accumulent maintenant des réserves de change, réduisent la dette publique et constituent des fonds souverains ainsi que divers organismes d'investissement, contrôlés par l'Etat mais sophistiqués. Les conséquences pour les voisins, malgré la chute récente des cours, les recettes pétrolières de ce groupement régional devraient dépasser les 600 milliards de dollars en 2008. Ce potentiel est appelé à rester substantiel durant l'année en cours, à savoir en 2009. Les pays du Golfe et leurs voisins pourraient en ressentir les effets sous trois formes principales, estiment les études qui viennent d'être réalisées. En premier lieu, il est plausible que les retombées interviennent sur les échanges de biens. C'est un aspect qui reste relativement peu important. Pendant l'exercice 2006 - 2007, en effet, le commerce entre pays arabes s'est élevé à 11,2% du total des échanges commerciaux dans la région, mais à ce niveau, il ne représente pas un avantage majeur. En Egypte, par exemple, le commerce interarabe n'a constitué que 9,6% du total durant la même période. La deuxième hypothèse est axée sur le secteur des services. Ce dernier, faut-il le noter, a entraîné des flux régionaux beaucoup plus importants, sous forme d'envois de fonds et de tourisme. Pour illustration, les Egyptiens travaillant à l'étranger ont nettement accru leurs envois de fonds, ce qui a amélioré la balance des paiements et le niveau de vie des ménages en Egypte. Selon la Banque centrale de ce pays, d'ailleurs, les envois en provenance de l'extérieur, ont progressé de plus de 150%, comparativement à la période de 2003. La troisième et dernière hypothèse vise le marché arabe des investissements. A cet égard, il est établi qu'une partie des capitaux investis aux Etats-Unis et en Europe a été replacée dans les pays arabes. En conséquence, des pays comme l'Egypte, la Jordanie ou le Maroc ont bénéficié d'importants avantages en devenant des lieux d'investissement attractifs. M. Amani