Même s'il a affiché le souhait que cela ne se produit pas, le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, a indiqué, vendredi, que son pays pourrait nationaliser les compagnies pétrolières étrangères opérant en Libye, si le prix du baril de pétrole ne grimpait pas autours de 100 dollars."Il y a des appels à la nationalisation de l'industrie du pétrole et du gaz. Nous souhaitons que cela ne se produise pas. Nous espérons que le prix du pétrole augmente à un niveau raisonnable", a déclaré le colonel Kadhafi, lors d'un dîner, vendredi soir, en l'honneur du roi d'Espagne, Juan Carlos, en visite à Tripoli. M. Kadhafi faisait référence aux appels à la nationalisation lancés tout au long de la semaine par des médias officiels, en vue de mieux contrôler la production, selon eux, et réagir à la baisse des prix. En effet, des journaux officiels libyens ont appelé à la nationalisation des compagnies pétrolières étrangères opérant dans le pays, pour mieux contrôler la production et réagir à la baisse des prix. "Il n'est plus permis désormais de laisser le robinet du pétrole libyen aux mains des compagnies étrangères", soulignait Al-Jamariya dans un éditorial. Le journal a lancé un appel "urgent" aux Congrès populaires, la plus haute autorité législative du pays, pour qu'ils décident de la nationalisation des compagnies pétrolières, au cours de leurs réunions prévues dans les prochains jours. Selon Al-Jamahiriya, le contrôle de la production de pétrole vise à "protéger les richesses pétrolières du pays" face à la baisse des prix. Pour le journal Al-Chams, la Libye "a réussi à diriger, développer et commercialiser son pétrole lors de la nationalisation des compagnies pétrolières", au lendemain de l'arrivée au pouvoir du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, le 1er septembre 1969, ajoutant qu'après cette première opération de nationalisation, "nous avons l'expérience nécessaire pour contrôler la production au niveau national. Nous ne devrions pas laisser un jour de plus notre pétrole aux mains des compagnies étrangères", notait le journal. Reprenant la rhétorique de la presse libyenne, M. Kadhafi a souligné que les moyens pour parvenir à un tel niveau de prix (100 dollars) était de "contrôler l'industrie du pétrole sans participation étrangère". Les appels à la nationalisation ont suscité la crainte des compagnies pétrolières, alors que des observateurs estiment qu'il s'agissait d'un moyen de pression sur ces sociétés pour qu'elles acceptent des parts de production moins importantes. Le dirigeant libyen a tenté de rassurer les sociétés pétrolières opérant dans son pays, affirmant qu'une telle décision ne sera pas prise subitement. "Dans le passé, les décisions de nationalisation étaient prises unilatéralement et brusquement (...) Mais aujourd'hui je ne pense pas que les organes exécutifs (libyens) prennent subitement de telles décisions, comme ce fut le cas dans le passé". "Il doit y avoir un compromis avec le partenaire étranger", a-t-il ajouté. Mais, au-delà de l'effet d'annonce que peuvent avoir ces déclarations du guide libyen, la question qui se pose est celle de savoir si, après vingt ans de mise à l'écart, la Libye peut se permettre de freiner l'afflux des compagnies pétrolières occidentales qu'elle a elle-même suscité à travers la mise aux enchères de nombreux blocs dans le cadre de la stratégie de libéralisation de l'économie libyenne. Yacine B.