On a mis la charrue avant les bœufs dans la ville des roses, où se déroulent depuis vendredi dernier les premières journées internationales du court-métrage. Comment organiser un rendez-vous cinématographique dans une ville où il n'existe pas de salles de cinéma en état de fonctionner ? Et bien les autorités locales dont la direction de la culture de Blida de concert avec la boite Isser prod, initiatrice de l'événement, l'on fait ! La cinémathèque étant dans un état qui ne permet la diffusion d'aucune image a poussé les organisateurs à domicilier jusqu'au 29 du mois en cours leur manifestation du 7ème art, au niveau de la salle de théâtre Mohamed Touri tout aussi dans un piteux état. Il est pour le moins insolite de transformer une salle conçue pour les planches, en salle de cinéma ! Mais on a déjà vu à Taghit, une ville paradisiaque où il n'existe aucun espace cinématographique, des projections sous la khaïma (tente.) Des projections faites dans des conditions lamentables, mais qu'on a présentées comme étant tout à fait exotiques.Mais bon….La salle Mohamed Toumi qui existe depuis l'époque coloniale, n'a pas bénéficié ne serait ce que d'un petit rafraîchissement qui pourrait la remettre en état de recevoir des festivités artistiques. Il était difficile pour les blidéens qui comme le reste des algériens qui ont déserté depuis belle lurette leurs espaces culturels, de remettre les pieds dans cette unique salle autour de laquelle une fanfare folklorique était installée pour attirer les foules.Ce qui a également manqué à cette manifestation, ce sont les têtes connues du 7ème art, censé captiver le public avec des séances photos ou alors des dédicaces sur des petits bouts de papier enfouis dans les poches. Il y avait quand même durant la cérémonie d'ouverture quelques jeunes cinéastes nationaux et étrangers complètement méconnus, et aussi plus connus et plus âgés, comme le réalisateur et producteur qui devient de plus en plus présent sur la scène cinématographique, Lamine Merbah. Le président de l'APC de Blida tout aussi que le directeur de la culture de la wilaya se sont félicités de cette initiative " qui permet à la ville des roses de renouer avec le 7e art après de nombreuses années de disette en matière d'activités cinématographiques ". Ces journées auxquelles prennent part des cinéastes de pays africains, maghrébins et arabes, se sont ouvertes avec le film "Dihia" de Omar Belkacimi. Tourné en langue amazighe, ce film raconte la solitude d'une femme kabyle "condamnée " à élever seul son enfant après le départ de son époux pour l'étranger. Pourchassé par la misère, l'époux restera longtemps comme la plupart des kabyles en métropole, pour subvenir aux besoins de sa famille. "Dihia " qui est un condensé de clichés, montre aussi les venelles des villages kabyles, leurs maisons en pierre et la surexploitation de la femme dans ces espaces fondamentalement ingrats et arides. Même si les blidéens n'ont pas été nombreux à se rendre à la salle Mohamed Touri où se déroule l'essentiel des activités de ce rendez- vous, il n'en demeure pas moins que les organisateurs pensent déjà à promouvoir dès l'année prochaine, ces journées en un véritable festival. Un festival qui changera de décor cette fois ci, puisqu'il est prévu qu'il soit installé à Chréa sur la station de ski surplombant la ville et dans laquelle il n'existe aucun espace de projection. Depuis le festival de Taghit, la fête du court-métrage semble se muer en une caravane cinématographique allant sillonner des contrées où les images ne se voient plus en raison d'une absence de structure de base permettant la diffusion, la distribution et la promotion des œuvres du 7e art. Il est sans doute vain de tenter de remettre le public dans la peau d'un cinéphile au moment où son environnement ne s'y prête pas. Yasmine Ben