Le fonds monétaire international pourrait relancer l'Algérie sur la privatisation des banques publiques. En effet, l'hebdomadaire Jeune Afrique indique dans sa dernière livraison que le FMI pourrait prochainement adresser un rapport détaillé aux pouvoirs publics algériens dans lequel il recommandera à l'Etat de se désengager du secteur financier malgré l'ouverture reportée du capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA) en 2007. Jeune Afrique présente cette démarche comme un pas important dans la réforme du système financier algérien, préalable à l'impulsion d'une croissance économique effective. Néanmoins, le gouvernement algérien ne l'entend pas de cette oreille. Crise oblige, la première préoccupation des pouvoirs publics est de protéger le marché national des effets néfastes de la crise. Ce sur quoi on ne peut adresser de griefs, d'autant plus que le débat est relancé en Europe sur la nationalisation des grandes banques privées. On comprendra donc aisément les réticences à propos de la reprise du processus de privatisation des banques publiques. En contrepartie, l'Algérie entend bien exploiter l'excès de liquidités dont bénéficient les banques nationales à des fins de développement. N'oublions pas qu'une instruction récente du Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, exhorte les investisseurs potentiels à lever des fonds sur le marché financier local. Une mesure qui vient à point nommé pour ces derniers en cette période de crise et de raréfaction des crédits sur le marché mondial. Et afin de permettre aux banques d'accompagner les projets d'investissement importants et en parallèle protéger les épargnants, le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC), organe dépendant de la Banque d'Algérie, a décidé d'augmenter le montant du capital minimum requis des banques et établissements financiers. Le capital minimum des banques et des succursales de banques passe de 2,5 milliards à 10 milliards de DA (100 millions d'euros) tandis que le capital minimum des établissements financiers et des succursales est porté de 500 millions à 3,5 milliards de DA. Aussi, et dans le cadre de la loi de finances pour 2009, les pouvoirs publics ont alloué pas moins de 50 milliards de dinars à la recapitalisation des banques publiques. Pour rappel, 40 milliards de dinars ont déjà été consacrés à la recapitalisation des banques publiques et ce, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2008. Cette mesure, rappelons-le, est destinée à augmenter le capital des banques étatiques pour leur permettre de jouer un rôle plus actif dans le financement de l'économie. Il est vrai que les banques publiques disposent actuellement d'un excès de liquidités qui s'élèveront selon certains observateurs, à quelque 19 milliards d'euros. Cette situation est aussi due à la faiblesse des capacités d'absorption de l'économie algérienne des sommes disponibles. La situation de surliquidités dans les banques pousse la Banque d'Algérie à procéder à l'assèchement de la masse monétaire pour éviter des poussées inflationnistes et une distribution non performante des crédits à l'économie. Cette situation explique, néanmoins, le fait que de nombreuses banques publiques se sont tournées vers le financement d'investissements très lourds, notamment dans la pétrochimie et l'énergie électrique, à l'image de la BEA, de la BNA, de la Cnep et du CPA. Aussi, les pouvoirs publics entendent créer une nouvelle entité financière spécialisée dans le financement de l'investissement. C'est ainsi que la Banque algérienne de développement (BAD) fera désormais office de société publique d'investissement. Samira G.