“La principale cause des réticences des investisseurs et les lenteurs observées dans le domaine de l'investissement sont dues à des facteurs humains et non économiques", a affirmé, dimanche, à Constantine, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Le ministre, qui s'exprimait au cours d'une rencontre avec les opérateurs économiques de la wilaya de Constantine, au siège de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), a affirmé que "le véritable investissement demeure le marché des capitaux", d'où la nécessité, a-t-il dit, de "s'organiser afin de créer l'environnement favorable à même d'encourager le détenteur du capital à investir". A ce titre, a-t-il ajouté que "des banques d'affaires pour l'accompagnement des investisseurs sur une période de 6 à 9 ans seront créées pour venir en appoint du programme déjà élaboré à cette fin et visant la réhabilitation des entreprises et la mise à niveau des porteurs de projets". En effet, la création d'une banque d'affaires à capitaux publics, inscrite probablement au titre de la restructuration du secteur bancaire, aura pour principale mission l'accompagnement des investisseurs dans les phases les plus délicates de leurs projets. Dans ce contexte,il est jugé utile de signaler qu'en matière de financement des entreprises, l'Algérie acuse un très grand retard par rapport aux pays voisins. D'ailleurs, les chefs d'entreprise, à travers leurs porte-voix, à savoir les organisations patronales, se sont souvent plaints des difficultés pour pouvoir prétendre à un financement quelconque auprès des banques algériennes. Selon l'organisme international "Work Bank investment climat assessments", la contribution des banques algériennes dans le financement de l'investissement ne dépasse pas les 20%. A la lumière de ces donnés, on note également que le financement de l'économie des entreprises en Algérie est encore plus problématique pour les petites et moyennes entreprises (PME). Pour pallier à ces entraves, la création de banques d'affaires en Algérie est actuellement inscrite dans la liste des projets à concretiser par les pouvoirs publics. Une telle decison coincide, faut-il le signaler, avec une panoplie de mesures mettant en évidence l'intérêt national et ce, en batissant un appareil industriel productif solide et surtout compétitif devant l'engouement des investisseurs étrangers qu'ont suscité les programmes de relance économique lancés par le gouvernement. Dans le même ordre d'idées, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, dans une instruction datée du 21 décembre 2008, a signalé l'excès des avantages consentis dans le cadre de la législation régissant l'investissement étranger en matière de transfert de capitaux. Ainsi, plusieurs mesures conservatoires ont été prises par les pouvoirs publics algériens. Dans ce sens, il est institué l'obligation pour tout investissement étranger découlant d'une offre d'un opérateur étranger de réaliser un investissement seul ou en partenariat, d'aboutir à une répartition du capital constitutif dans laquelle l'actionnariat national sera majoritaire. Aussi, toute négociation liée à un investissement étranger devra inclure une clause par laquelle le projet devra dégager une balance de devises excédentaire au profit de l'Algérie. Par ailleurs, tout octroi d'avantages, que ce soit dans le cadre du régime général ou du régime des conventions, devra spécifier que les montants équivalents à ces avantages douaniers, fiscaux ou autres seront déduits des bénéfices éligibles au transfert. Enfin, l'instruction du Premier ministre précise que tout investissement étranger "devra, hormis le capital constitutif, mobiliser exclusivement sur le marché financier local les crédits requis pour sa réalisation". Selon la note en question, cette dernière mesure devra encourager les investisseurs en cette période de raréfaction des crédits et permettre de rentabiliser les liquidités accumulées au niveau des banques publiques. Ces nouvelles mesures en question, non seulement rentrent en ligne de mire avec les axes de la nouvelle stratégie industrielle initiée par le département de M. Temmar, elles vienent pour renforcer l'outil productif public national. Pour revenir à la visite, le ministre s'était auparavant rendu au complexe mécanique "moteurs-tracteurs" (CMT) où il a visité ses différents ateliers, avant de s'enquérir des préoccupations des travailleurs. Le P-DG du complexe a indiqué, dans ce contexte, que l'usine, "à l'arrêt du mois de juillet 2007 au 31 décembre 2008, se limitant à la fabrication de la pièce de rechange, a réduit ses effectifs de près de 400 agents contractuels, soit 22% de la totalité du personnel qui totalise 1 032". Mohamed Kamel Djemâa a affirmé, dans ce contexte, que les assurances du ministère de tutelle quant à une amélioration de la situation du complexe, notamment après la mise en oeuvre "très prochaine, comme l'a souligné le ministre", du système de leasing, aidera les agriculteurs à acquérir des tracteurs neufs, tout en contribuant à l'écoulement de la production invendue, grâce à l'apport d'un crédit à taux bonifié variant entre 35 et 45 pour cent du prix unitaire assuré par le biais la BADR et s'étalant sur une période de cinq ans. Le directeur chargé des finances et de la comptabilité du CMT, Fethi Benmakhlouf, a précisé à ce propos que cette opération a nécessité une contribution financière de l'Etat de l'ordre de 2 milliards DA destinée à "aider" les complexes mécaniques de production de machines agricoles de Sidi Bel-Abbès et de moteurs-tracteurs de Constantine. Cette perspective a été un stimulante pour le complexe CMT de Constantine qui a non seulement pu écouler "pratiquement toute sa production invendue mais également enregistré plus de 1 300 demandes d'achat de tracteurs selon la formule du leasing", a confié le même responsable à l'APS. Cela a conduit à la "reprise de plus de 200 agents contractuels qui avaient été écartés dans un premier temps, en attendant de rappeler tous les autres et même effectuer de nouveaux recrutements pour satisfaire cette demande", a ajouté M. Benmakhlouf, en marge de la visite de M. Temmar. Ce dernier a également visité une unité de production de produits pharmaceutiques appartenant à un investisseur privé et le complexe de la SNTA de la zone industrielle de Khroub. H. M.