Comme à ses habitudes, l'établissement Arts et culture de la wilaya d'Alger rendra demain jeudi à l'espace Casbah, un hommage appuyé au défunt chanteur, Brahim Izri.L'établissement mettra sans doute au programme une conférence autour de la carrière de ce chanteur compositeur et parolier qui est décédé il y a à peine quatre ans d'un cancer du côlon à l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris.Né le 12 janvier 1954 dans la région d´Ath Yenni, au village d´Ath Lahsen, en Kabylie (Algérie), tout comme son compère Idir, Izri Brahim marquera dès sa tendre enfance les cérémonies religieuses hebdomadaires à la zaouïa El Hadj Belkacem, qui n'est autre que son grand-père. Bercé par les sons rythmés du bendir, l'unique instrument utilisé dans la zaouia où Brahim Izri chantera des litanies religieuses appelées dans la région, " Adekkar ". Dans les années 70, et comme tous les chanteurs de sa génération, -Takfarinas, Matoub, Malika Domrane- il fait ses apprentissages encore, en touchant cette fois dans l'environnement scolaire, à la guitare, puis à la flûte, un instrument fétiche du défunt artiste. C'était aussi la grande époque où des noms de groupes kabyles comme Isulas, Inasliyen, les Abranis, Imazighen Imoula...pointaient dans la ferveur revendicative. Brahim participa à l'enregistrement de l'album Tachemlit (Le volontariat), en 1975. En 1977, il émigra en France où il édita, en 1981, sa première œuvre intitulée " Sacrifice pour un enfant". En 1982, il composa une chanson en l'honneur des Verts, " l'Algérie joue, l'Algérie gagne ". En 1983, Brahim reprit la chanson de Maxime le Forestier, " San Francisco ", et il lui adapta un texte kabyle de sa composition. En 1984, il enregistra un nouvel album Dacu-yi (qui suis-je?), en 1986, un autre album de 12 chansons intitulé Ala, Ala (non, non) et en 1999, Brahim Izri, Idir et Maxime le Forestier chantèrent en kabyle en hommage à Matoub Lounès. Le parcours de Brahim Izri est sans nul doute très riche, il est inscrit en lettres d'or sur les sentiers de la création algérienne. Brahim Izri chantera aussi à ses débuts dans un petit groupe très peu connu à l'époque et qui s'appelle Igudar (pentes). La formation musicale comprend des camarades de lycées et quelques copains tels Naït Abdelaziz, Abderrahmane Iluli de Larbaâ Nath Irathen, et Aziz Berrahma des Ouacifs. Un trio qui allait s'essayer au mouvement impulsé par le grand Cherif Kheddam qui a d'ailleurs propulsé sur la scène de grands noms de la chanson kabyle comme Ferhat Imazighen Imoula, Idir, Lounis Aït Menguellet, non seulement dans son émission Igheneyen u Zekka (les chanteurs de demain), mais aussi à travers son succès Avridigun, idhul (le chemin qui nous attend est bien long !). Et Igudar, sous cette impulsion engagée d'un grand artiste, sort sa première chanson Arus s uvarnous, une fable sur l'escargot qui se débarrasse de sa coquille pour affronter le serpent !... Une mélodie fredonnée par les fans à l'affût de changements dans l'horizon fermé aux libertés démocratiques que Brahim Izri va prendre pour bâton de pèlerin et en fera son combat dans le contexte politique de l'époque. Le groupe né à partir de rien, plutôt de beaucoup de convictions, a donné des galas dans ses tournées à Alger. Il sera suivi des refrains de Arous et de cette autre berceuse chantée d'abord par Igudar, Chthedouyi, qui va faire les beaux jours du premier album de Idir, Avava Inouva. Avec le même Idir, il a chanté dans son orchestre et dans la chanson El Mouth (la mort) en arrière-fond musical, il a interprété la douleur d'une mère éplorée par la perte de son enfant. Le chanteur, d'abord poète et musicien, a fini dans l'aventure en solo. Plus tard il composera sa chanson phare, Avava Vavhri, dédiée à la mémoire de Slimane Azem, dans Idhahrad Ou Agour. Le défunt est enterré dans son village natal Ath Lahcène, à Ath Yenni. Rebouh H.